Les états jettent les bases d'une coopération financière plus étroite

Plus jamais ça ! À défaut de procéder à une vaste réforme des institutions de Bretton Woods, les principales puissances économiques du monde ont jeté les bases d'une supervision concertée des marchés financiers. Elles se sont aussi engagées à employer l'arme budgétaire pour soutenir la croissance et encourager implicitement les banques centrales à adopter une politique accommodante en cette période de crise. Réunis à Washington, les chefs d'État et de gouvernement du G20 ? soit les pays industrialisés du G8 accompagnés des émergents ? ont ainsi envoyé un « message aux marchés », s'est félicité Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne.Le G20, dont les dirigeants se retrouveront avant le 30 avril, s'est engagé à « garantir que tous les marchés, produits et acteurs financiers soient soumis à une régulation ou à une surveillance ». D'ici au 31 mars, les ministres des Finances de ce groupe qui représente 85 % de l'économie mondiale, devront faire des propositions concrètes pour réviser la supervision des dérivés de crédit, des hedge funds, des agences de notation et des centres financiers offshore.divergencesCes ministres devront aussi se prononcer sur la convergence des normes comptables et l'encadrement de la rémunération des dirigeants des établissements financiers. « Les banques désireuses de rémunérer le risque avec de gros bonus devront afficher des ratios prudentiels de meilleure qualit頻, prévient un négociateur. Opposés au principe d'un régulateur international, les États-Unis ont obtenu la création de « collèges de surveillance », formés de gendarmes financiers nationaux, pour inspecter les grands établissements bancaires.Le G20 a par ailleurs recommandé que le Fonds monétaire international (FMI) ouvre son conseil d'administration aux pays émergents et instaure un « système d'alerte précoce », censé prévenir les risques systémiques. Pour cela, le Fonds devra renforcer sa coopération avec le Forum de stabilité financière (FSF), créé après la crise asiatique de 1997 et composé de représentants des banques centrales et de régulateurs financiers. « Le FSF établira des standards et le FMI vérifiera que les pays les appliquent », résume un « sherpa » européen.une réponse politique« Pour rétablir la croissance », le G20 encourage une « réponse politique élargie, fondée sur la coopération macroéconomique », entre ses membres. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui participait au sommet, s'est dit favorable à des plans de relance nationaux et coordonnés équivalent à 2 % du produit intérieur brut des pays participants. Mais la mise en musique de ces principes risque d'être encore longue. Ainsi, les États-Unis pourraient n'adopter leur propre plan de relance budgétaire qu'en 2009. Le président américain élu, Barack Obama, plaide pour que le Capitole adopte « au moins un acompte » sur les mesures de relance que les démocrates préconisent. Mais sans l'aval de George W. Bush, la participation à l'effort mondial que le G20 appelle de ses v?ux attendra la mise en place de la prochaine administration.« Comme l'ont illustré les revirements du Trésor américain, il est très difficile de trouver une solution nationale à la crise et un remède international me paraît ambitieux », juge Gregori Volokhine, responsable du marché actions chez Meeschaert, à New York, pour qui « la déclaration du G20 est essentiellement faite de bonnes intentions ». « On ne saurait qualifier cette rencontre de succès », affirme un cadre dirigeant d'une banque européenne aux États-Unis. « Le vrai problème n'est pas la réglementation ni la responsabilité des agences de notation, mais la titrisation à outrance du crédit par les banques », estime ce responsable.En réalité, avant même l'ouverture du sommet du G20 à Washington, plusieurs voix s'étaient fait entendre aux États-Unis, dont celles du secrétaire au Trésor, Henry Paulson, et de George W. Bush, pour dénoncer sans les nommer les intentions des Européens, accusés de vouloir « sur-réglementer » les marchés. « Les lobbies financiers américains ont agité leurs réseaux et tout fait pour limiter la portée du texte », affirme un haut fonctionnaire international. Les objectifs dressés à Washington ne visent pas à aboutir « à un excès de réglementation », a rétorqué samedi Nicolas Sarkozy, garantissant que le G20 n'entendait pas « passer d'un excès à l'autre ».Reste que sans attendre l'action « concertée » du G20, les États-Unis préparent pour la fin de l'année la formation d'une chambre de compensation destinée aux Credit default swaps (CDS). Des pays européens espéraient la création d'une chambre internationale, publique, placée sous le contrôle des gouvernements ou du FMI. Mais les établissements de Wall Street ont milité pour la constitution d'une chambre américaine, indépendante et privée? qui a reçu l'accord de la Fed vendredi ! E. C. Dominique Strauss-Kahn (à gauche) avec George Bush. Le patron du FMI se dit favorable à des plans de relance équivalant à 2 % du PIB des pays participants.
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