La « contrefaçon » légale des fonds alternatifs s'organise

Les hedge funds font rêver les investisseurs institutionnels et les gérants de fortune. Et même en ces temps troublés de « tsunami financier », ces instruments très spéculatifs affichent des pertes limitées comparées à d'autres actifs. Ainsi, selon le Hedge Fund Research, fournisseur américain de données sur l'industrie, les hedge funds perdaient en moyenne à fin octobre 16 %, contre des baisses supérieures à 30 % pour les grands indices actions. Toutefois, investir dans ces véhicules implique des contraintes sévères pour beaucoup d'acteurs de la gestion d'actifs. Il faut d'abord compter avec des réglementations publiques et des règles internes limitant, voire interdisant, une trop forte exposition aux produits dérivés. Sans oublier l'opacité et la faible liquidité des hedges funds. Autant de barrières en passe d'être levées progressivement si les stratégies de réplication se développent. Initiée depuis plus de dix ans par les professeurs William Fung et Narayan Naik, de la London School of Economics, et David Hsieh, de l'université de Duke aux États-Unis, « la réplication du bêta alternatif s'oppose à celle du bêta statique des hedge funds?: l'exposition aux différentes classes d'actifs sera dynamique et non constante », explique Thierry Roncalli, directeur de la recherche quantitative chez SGAM AI. atoutsPour cela, deux modèles existent?: un interne ou un externe. Le premier est fondé sur « des accords avec des fonds ou des plates-formes de hedge funds pour obtenir en temps réel ou en léger décalage leur allocation d'actifs et choix tactiques, et investir sur les compartiments les plus liquides », expose Frédéric Jamet, directeur général délégué et directeur de la gestion chez SSgA France. Le second repose sur une méthode de réplication indicielle basée sur l'évolution du HFRX. C'est ce modèle qu'a retenu SSgA France pour sa Sicav luxembourgeoise Premia.  Considérés par les gérants de hedge funds comme du « piratage légal », la réplication présente néanmoins des atouts. « Elle compense la faible liquidité des hedge funds et limite le risque de gate ou de débouclage de position étalé sur plusieurs mois », insiste Jérôme Teïletche, aujourd'hui coresponsable de la multigestion alternative chez LODH Gestion France, après avoir participé au lancement du fonds de réplication T-Rex de SGAM AI. Outre des commissions moins élevées, elle procure un surcroît de transparence, puisque les gérants connaissent pratiquement en temps réel leur exposition sur les différentes classes d'actifs. Et puis, lorsque ces positions concernent des actifs très liquides comme des futures, cela peut constituer un instrument de couverture très efficace.Mais ce modèle présente quelques défauts. En premier lieu, il ne garantit pas la reproduction parfaite des rendements des meilleurs hedge funds, puisqu'il se base sur l'évolution d'une moyenne mobile. Enfin, « la réplication est comme un paquebot : difficile à man?uvrer. Elle aura du mal à reproduire en temps réel les choix tactiques des gérants », souligne Christophe Chouard, directeur général de HDF Finance. Un argument qui mérite toutefois d'être nuancé. Comme le montre le graphique ci-contre, le fonds SGAM AI T-Rex Fund surperforme l'indice HFRX Global Hedge Fund qu'il réplique. L'explication est simple : au contraire des purs hedge funds, ce produit n'a pas eu à liquider à perte des positions pour résister à la crise du crédit. Vincent Bussière« la réplication est comme un paquebot : difficile à man?u- vrer. » C. Chouarddirecteur généralde HDF Finance
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