Le pétrole entre dans une semaine à risque

La semaine dernière, le baril de pétrole a de nouveau sombré, abandonnant près de 10 %. Englué dans une tendance baissière que le cartel des pays producteurs de pétrole peine à enrayer, le WTI pour livraison en décembre cotait 57,04 dollars vendredi. Même l'annonce d'une nouvelle réunion de l'Opep à la fin du mois n'a pas soutenu les prix. L'organisation a pourtant la ferme intention de réduire drastiquement sa production. Mais, pour la Deutsche Bank, il n'est pas exclu que le baril atteigne un prix plancher vers les 30 dollars. Une hypothèse peu probable aujourd'hui si l'on en croit le marché des futures, les contrats de moyen terme sur le baril affichant des prix plus élevés que les contrats les plus proches.Le marché joue néanmoins à se faire peur avec le chiffre 30. Jeudi dernier, un nombre important de contrats de vente de barils à 30 dollars se sont échangés, soit 1.407, un niveau proche du contrat le plus actif sur le Nymex. La vente de ces produits, qui représentent chacun 1.000 barils de pétrole, a permis aux traders de réaliser un profit, la valeur de l'option (*) augmentant au fur et à mesure que le pétrole se rapproche de son prix.financiarisationOr, ce type de situation risque de s'amplifier cette semaine, tant la situation du marché des options sur le WTI est inédite. Les options pour le mois de décembre arrivent à échéance aujourd'hui?; les opérateurs ont jusqu'à jeudi pour les exercer, ce qui devrait accentuer encore la volatilité sur le baril. En effet, vendredi soir, 560.000 options de vente (put) étaient en circulation à un prix inférieur à 50 dollars. Soit un record historique en nombre d'options. En décembre dernier, alors que le pétrole était orienté à la hausse, le nombre d'options échangées avait atteint 232.000. Entraîné par la financiarisation du marché des matières premières mais aussi par leur hausse, le marché des produits dérivés s'est donc totalement emballé cette année, ce qui fait courir un risque de baisse ou de hausse accrue au baril. « On risque d'être confronté à des mouvements incohérents et à une volatilité accrue cette semaine », estime Olivier Jakob chez Petromatrix en Suisse.La pression baissière dont souffre le pétrole pourrait aussi être liée à la gestion quantitative, dont les modèles algorithmiques entraînent la liquidation de positions sur le pétrole lorsque le baril enfonce de nouveaux planchers. Pour Olivier Jakob, « tous les modèles ne se sont pas encore ajustés à des prix du pétrole durablement bas ». Et pour cause?: les révisions à la baisse des prévisions de prix sur le baril ne cessent de tomber. Vendredi, BNP Paribas a ainsi revu ses chiffres à la baisse. La banque prévoit désormais un prix moyen du baril à 65 dollars pour le trimestre en cours, et à 75 dollars l'année prochaine. à la Deutsche Bank, le ton est nettement plus sombre. La banque est convaincue que le pire reste à venir et que l'Agence internationale de l'énergie, qui a révisé la semaine dernière à la baisse ses prévisions de consommation de barils de pétrole pour 2009, n'est pas suffisamment pessimiste quant à l'ampleur de la crise. (*) Une option est un produit dérivé permettant d'acheter (call) ou de vendre (put) un actif à un prix fixé à l'avance.Aline RobertLa Deutsche Bank est convaincue que le pire reste à venir et que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a révisé la semaine dernière à la baisse ses prévisions de consommation de barils de pétrole pour 2009, n'est pas suffisamment pessimiste quant à l'ampleur de la crise. le marché joue à se faire peur avec le chiffre de 30 dollars le baril.
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