Les résultats de l'Agirc, la retraite complémentaire des cadres, vont s'effondrer cette année. Son conseil d'administration a été alerté sur l'impact négatif de ses placements financiers sur les comptes du régime. Les placements de la réserve de l'Agirc ne rapporteront pas les 500 millions d'euros escomptés en juin dernier. En raison de la crise, les produits financiers devraient générer une perte de 100 millions d'euros en 2008. Ce qui porte le manque à gagner à quelque 600 millions d'euros pour l'Agirc, par rapport à ses prévisions initiales. Ce trou d'air s'ajoute aux difficultés structurelles du régime, le versement des pensions augmentant beaucoup plus vite que les cotisations reçues. Les recettes en provenance de l'AGFF, structure qui prend en charge le surcoût de la retraite à 60 ans et des mesures « carrières longues », sont aussi en train de fondre. Au final, le résultat global de l'Agirc, après les différents transferts et la prise en compte des produits financiers, devrait être cette année tout juste à l'équilibre, autour de 70 millions d'euros. Ce résultat atteignait 1,5 milliard d'euros l'an dernier et 1,6 milliard en 2006.précieuses réservesL'Agirc repose pourtant sur le principe de la répartition, comme la retraite de base versée par la Sécu?: les cotisations versées par les salariés et leurs employeurs servent à payer immédiatement les pensions aux retraités. Mais le régime dispose d'une réserve, qui s'élevait fin 2007 à près de 19 milliards d'euros?: 10,5 milliards de réserve technique de financement à moyen et à long terme et près de 8,5 milliards de réserve de fonds de roulement. Ces réserves accumulées par le passé sont aujourd'hui très précieuses, puisqu'elles permettent de retarder le moment où l'Agirc pourrait basculer dans le rouge. L'équilibre du régime est menacé à court terme. Avant les transferts en provenance de l'Arrco (retraites complémentaires de l'ensemble des salariés) et de l'AGFF, le résultat du régime complémentaire des cadres est négatif depuis 2003. Selon des projections établies il y a deux ans, le résultat devait devenir négatif, après transferts et produits financiers, en 2013-2014 et la réserve technique devait être « consommée » en 2015-2016. La dégradation s'accélère encore en raison de la crise financière et des pertes sur les marchés. Le régime pourrait être amené à puiser dans ses réserves dès l'année prochaine.Ce ne sera pas sans conséquences pour les cadres, dont la retraite complémentaire représente en moyenne 66 % de leur pension totale. Cette fragilisation intervient en effet au moment où les partenaires sociaux, uniques gestionnaires du régime, commencent à négocier début janvier un nouvel accord Agirc-Arrco. Les syndicats voulaient en profiter pour stopper la baisse du rendement des complémentaires, qui a reculé de 5 % à 6 % depuis l'accord 2003, en raison d'un mode de calcul très défavorable aux futurs retraités. Le contexte pourrait à l'inverse conduire à durcir encore les conditions et à donner du grain à moudre au Medef, qui plaide notamment pour le recul de l'âge de la retraite. L'Agirc ne peut cumuler les déficits comme le fait la branche vieillesse de la Sécu. Elle se doit d'être à l'équilibre pour verser les pensions.

latribune.fr

28 Nov 2008, 1:28

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