Le PS, bateau ivre après Reims

François Hollande n'a pas cherché à cacher sa « honte ». Trois jours pour rien dans l'enceinte du parc des expositions de Reims. Le 75e Congrès du Parti socialiste s'est achevé comme il avait commencé, dans la fragmentation et les divisions. Pour la première fois depuis le funeste congrès de Rennes de 1990, aucune orientation politique commune n'a pu être élaborée. Les chefs de file des quatre « motions » qui s'étaient partagé l'essentiel du vote des militants, le 6 novembre, ont laissé la guerre des ego et les conflits de personnes, exacerbés depuis l'échec de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, prendre le dessus. Les militants devront donc choisir jeudi prochain entre trois candidats à la succession de François Hollande : Ségolène Royal, Martine Aubry et l'outsider Benoît Hamon. En toute logique, un second tour devrait opposer vendredi Ségolène Royal à Martine Aubry. Dans ce duel, la présidente de Poitou-Charentes pourrait recevoir le soutien d'une partie des troupes de Bertrand Delanoë. Le maire de Paris, grand perdant du congrès, est courtisé de tous côtés. Mais il ne décolère pas contre Martine Aubry, qui s'était lancée dans la course des motions, avec le soutien de Laurent Fabius, ennemi de toujours du clan jospiniste. Jugeant le PS « sérieusement malade », le maire de Paris a exclu hier de se porter candidat au poste de premier secrétaire pour ne pas « ajouter de la division à de la division ». Il a laissé la liberté de vote à ses partisans, qui pourraient massivement se réfugier dans l'abstention. Parmi les soutiens de Bertrand Delanoë figurait François Hollande, premier secrétaire sortant après onze ans de règne, à qui Ségolène Royal a rendu hier matin un hommage tardif mais appuyé?: « Nous aurons besoin de toi François, tous les militants savent ce qu'ils te doivent pour avoir notamment, contre vents et marées, maintenu l'unité de notre parti », a-t-elle lancé à son ex-compagnon. deux conceptions du PSLa bataille de Solferino va désormais opposer deux conceptions du PS et deux personnalités très différentes. Ségolène Royal a fait toute sa campagne sur la « rénovation » du parti. Dans la nuit de samedi à dimanche, claquant la porte de la « commission des résolutions », où ses adversaires tentaient en vain de se coaliser, elle a dénoncé des « méthodes d'un autre âge ». Elle compte désormais sur un plébiscite militant pour asseoir son autorité sur un parti avec lequel elle entretient encore des relations conflictuelles. On l'a vu lors de son discours en séance plénière samedi lorsque la salle a vivement réagi à ses appels au « pardon » des « offenses », un vocabulaire religieux qui « clive » fortement au PS. Mais la présidente de Poitou-Charentes veut croire que les militants seront « plus sages que certains dirigeants qui résistent encore ». Face à Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon ont tenté de parvenir à un accord sur un ancrage à gauche du parti, mais le jeune eurodéputé de 41 ans a sollicité « l'honneur d'être en première ligne ». Tous deux défendent un « parti de militants », à l'exact opposé, selon eux, du « parti de supporters » que la présidente de Poitou-Charentes voudrait bâtir pour la bataille élyséenne de 2012. Pendant quarante-huit heures, Martine Aubry, Benoît Hamon mais aussi Bertrand Delanoë ont cherché à élaborer un front anti-Royal, au nom notamment de leur aversion commune pour les alliances avec le MoDem que préconise, selon eux, Ségolène Royal. Ce refus de tout accord avec les centristes sera sans doute au c?ur de leur campagne pour la conquête du poste de premier secrétaire. Un proche de Martine Aubry expliquait hier que le 6 novembre « 71 % des militants avaient rejeté les options de Ségolène Royal ». Quel que soit le premier secrétaire finalement désigné, il aura la lourde tâche de tenter de constituer une majorité, dans une situation de cohabitation inédite, au sein du premier parti d'opposition, entre un leader et des instances dirigeantes qui sont loin de lui être acquises.
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