La gravité de la crise n'a laissé aucun choix à la banque centrale américaine

Aux États-Unis, sondages, enquêtes de conjonctures privées et statistiques fédérales ont unanimement tiré la même conclusion?: la sévérité de la récession en cours est telle que la Réserve fédérale n'avait d'autre choix hier que d'abaisser ses « Fed funds ». La Sifma (Securities industry and financial markets association), qui représente les intérêts de 650 intermédiaires financiers, dont des banques et des maisons de courtage, avait anticipé ce geste et n'attend pas d'embellie de l'économie américaine avant la mi-2009.D'ici là, « les États-Unis vont endurer la plus longue période de récession depuis la Seconde Guerre mondiale », prévient Kyle Brandon, le directeur de la recherche de l'association. « L'effondrement des marchés financiers, le gel du crédit et la contraction de l'activité ont écrasé l'économie en cette période d'incertitude », note l'expert. La Sifma, dont les projections sont très suivies à Wall Street et dans les entreprises, table sur une récession de dix-huit mois, contre une moyenne de seize mois pour celles étant jusque-là intervenues depuis 1945.Compte tenu des destructions d'emplois portant sur 1,9 million de postes depuis le début de l'année, cette récession « sera l'une des plus profondes, sinon la plus profonde qu'aient connu les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale », confirme Nariman Behravesh, chef économiste du cabinet IHS Global Insight. Alors que les États-Unis sont officiellement entrés en récession en décembre 2007, celui-ci anticipe une contraction du produit intérieur brut de 5 % au quatrième trimestre 2008, puis de 3,8 % au premier de 2009.260.000 saisies en un moisÀ la racine de la crise, le marché de l'immobilier reste totalement déprimé en dépit des efforts épars de banques dont Bank of America, Citigroup et JP Morgan Chase et des agences de refinancement hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae, qui ont annoncé la restructuration de centaines de milliers de crédits immobiliers à taux variables. Le mois dernier, 260.000 procédures de saisie de logement ont été lancées ou achevées à travers le pays, un bond de 28 % sur un an. Le cabinet RealtyTrac prévoit la conclusion de 1 million de saisies en 2009, après 880.000 cette année. Derniers indicateurs en date, les mises en chantier de logements et le nombre de permis de construire. Les deux chiffres ont continué de chuter en novembre, atteignant un nouveau plus-bas depuis presque cinquante ans. En baisse de 18,9 % par rapport à octobre, les mises en chantier de logements ont atteint 625.000 (en rythme annuel), leur plus bas niveau depuis 1959 et le début de la publication de cet indice. Les analystes tablaient sur 730.000 mises en chantier. Même chose du côté des permis de construire?: seuls 616.000 ont été délivrés en novembre, soit 15,6 % de moins qu'en octobre. licenciements massifs« La crise continue », déplore Sandy Dunn, le président de l'Association nationale des constructeurs (NAHB) qui remarque qu'il est « pratiquement impossible pour la profession de concurrencer les produits à prix bradés inondant continuellement le marché du fait de la montée des saisies ». David Crowe, le chef économiste de la même association, constate que « les plans de licenciement massifs ont un effet dévastateur sur la confiance des consommateurs ».Au troisième trimestre, le patrimoine des ménages américain s'est effondré de 2.800 milliards de dollars, dont 647 milliards liés aux seuls biens immobiliers, une chute sans précédent depuis 1952, date à laquelle la Fed a commencé à tenir cette statistique. Si les prix de l'immobilier se déprécient au même rythme et que le marché actions reste stable, Michael Feroli, économiste chez JPMorgan Chase, estime que ce patrimoine déclinera de 4.000 milliards de dollars au dernier trimestre 2008.De fait, le secteur de la distribution se prépare à la plus mauvaise saison des fêtes en vingt ans. Compte tenu des démarquages « agressifs » des distributeurs, l'America's Research Group a prévenu qu'il pourrait réviser ses projections et annoncer cette semaine qu'il n'anticipe non plus une contraction de 3,5 % des ventes mais de 2,7 % à 2,9 % sur la période. Mais selon un sondage réalisé par ce consultant, 44 % des consommateurs comptent réduire leurs dépenses une fois les fêtes passées. Président du numéro un mondial de la distribution, Wal-Mart, Lee Scott note que les Américains « stockent plus de nourriture car ils mangent davantage à la maison », et que la croissance des ventes de médicaments prescrits décélère du fait d'une « hausse de l'automédication ».Malgré la morosité du climat de fin d'année et les difficultés qu'il prévoit en 2009, Maury Harris, le chef économiste d'UBS à New York, ne croit pas à la perspective d'un taux de chômage dépassant la barre des 10 % comme le redoutent certains de ses pairs. « Nous continuons à croire que les politiques publiques monétaires, fiscales et immobilières permettront de prévenir une récession si sévère », affirme le conjoncturiste qui prévoit toutefois un chômage de 8,3 % à la fin 2009 contre 6,7 % le mois dernier.les promesses d'obamaEn attendant de prendre ses fonctions de président le 20 janvier, Barack Obama peaufine son plan de relance qui, promet-il, permettra de « créer 2,5 millions d'emplois ». Selon les médias américains, ce programme notamment constitué de travaux d'infrastructures et de baisses d'impôts pourrait s'élever à 1.000 milliards de dollars. n++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n signature++BSF ++
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