En ce moment, Nicolas Sarkozy use de deux images fétiches?: dans la première, il est un capitaine de bateau, à la barre par grand vent, mais qui maintient son cap. La deuxième est plus noire. Le chef de l'État rappelle le sort funeste des monarques de l'Ancien Régime, victimes de la colère populaire. « Le président est sur une ligne de crête et il le sait », souligne un de ses conseillers, qui le juge « plus serein qu'on ne s'y attendrait ». Samedi dernier, Nicolas Sarkozy s'est évadé dans les massifs alpins pour assister aux Mondiaux de ski. L'occasion de confier qu'il n'avait « pas à se plaindre d'avoir à gérer la crise du siècle ». Et d'ajouter que « le sport est bon pour le moral ». Récemment, il soulignait même poursuivre son jogging quasi quotidien. Voilà pour l'image du président, qui sait résister au stress. Ce soir, à l'issue du sommet social de l'Élysée, Nicolas Sarkozy prononcera une allocution télévisée pour défendre « les mesures de justice » qu'il aura présentées aux partenaires sociaux. Là, il sait que l'exercice est plus difficile. La magie du verbe s'est effilochée au fur et à mesure de l'installation de la récession et de la remontée du chômage. Un sondage Sofres-Logica, réalisé la semaine dernière pour « Le Nouvel Observateur », soit après l'intervention télévisée du 5 février, indique que 58 % des Français estiment que le chef de l'État « parle beaucoup, mais ne fait pas grand-chose ». Sondage après sondage, la cote de popularité de l'exécutif s'enfonce dans le rouge. Des élus UMP appellent Nicolas Sarkozy à appuyer sur la pédale de frein dans les réformes pour se consacrer à la seule sortie de crise. « Moins d'activités tous azimuts et plus de gravit頻, résume un député. « Ce qui reste incompréhensible pour les gens, c'est que des centaines de milliards aient été débloqués pour les banques et rien de visible pour le pouvoir d'achat », reconnaît un conseiller de Nicolas Sarkozy qui prie pour que le chef de l'État sorte du débat droite-gauche sur l'investissement contre la consommation. Mais Nicolas Sarkozy ne semble pas enclin à modifier sa politique. Selon plusieurs de ses proches, il a « enregistré le fait qu'il était parti pour une longue période d'impopularit頻. « Même s'il se montre soucieux d'afficher son ouverture vis-à-vis du dialogue social, il ne bougera pas sur le fond », estime un élu de la majorité. Il n'est pas question non plus de renoncer à la surexposition médiatique ni aux multiples déplacements sur le terrain et à l'étranger.un président « qui divise »La gauche ne s'y est pas trompée, qui fait du chef de l'État l'unique adversaire, en même temps qu'elle accompagne la mobilisation sociale contre la politique économique. « Avec son style particulier, Nicolas Sarkozy ajoute le conflit à la crise », a lancé l'ancien Premier ministre PS, Laurent Fabius. Les socialistes dénoncent un président « qui divise au lieu de rassembler », avec des accents proches de ceux de François Bayrou ou de Dominique de Villepin. François Hollande fustige « l'obstination avec laquelle Nicolas Sarkozy récuse le soutien à la consommation », une attitude qui « tient de l'aveuglement idéologique et de l'esprit de contradiction ». « N'était-ce pas le candidat de 2007 qui reprenait la vieille chanson chiraquienne de la feuille de paie meilleure amie de l'emploi?? N'est-ce pas le même qui se proclamait président du pouvoir d'achat et qui, paradoxalement, retrouve les accents de Raymond Barre à la fin des années 70 avec le succès que l'on sait? », juge l'ex-patron du PS. Nicolas Sarkozy ne s'en émeut pas plus que cela. Ses fidèles ont souligné que les Français ne rendaient pas grâce au PS du contre-plan de relance présenté fin janvier. Nicolas Sarkozy compte toujours « cornériser » une opposition qu'il juge sans alternative crédible ou « moderne ». Et il espère, même sans le dire, une amélioration de la situation économique d'ici fin 2010. Moins de deux ans avant la présidentielle de 2012.

latribune.fr

02 Mars 2009, 1:29

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