Symptôme d'une économie mondiale mal en point, la fièvre de l'or ne cesse de monter. Après un bond à 973,10 dollars l'once hier sur le Comex pour l'échéance la plus rapprochée, le métal jaune cotait 970,40 dollars hier soir (968 dollars à londres). La hausse des cours est une fonction directe de l'inquiétude dans laquelle marinent les marchés financiers. « La demande d'or en tant qu'investissement n'est pas freinée par les prix. Tant qu'il y aura des gens inquiets sur le devenir de l'économie, ils achèteront de l'or, ce qui peut propulser le métal à des prix très élevés » juge Raphael Dubois, qui participe à la gestion du fonds Goldsphere chez Edmond de Rotschild Asset Management. Les achats d'or constatés ces derniers temps sont exclusivement le fait de fonds indexés sur l'or, les ETF (« exchange-traded fund?»), dont chaque dollar est directement investi sur le marché physique de l'or. Le plus gros ETF sur l'or, le SPDR Gold Trust, talonne d'ailleurs le coffre-fort de la Banque Nationale Suisse. Les quantités d'or détenues par le SPDR ont en effet battu un record, avec 985 tonnes d'or détenues contre 1.040 tonnes pour la banque centrale suisse. Les autres fonds du même type ETF sur l'or connaissent également un vif succès. « Ces ETF représentent la façon la plus simple d'acheter de l'or?: les investisseurs n'ont pas besoin de le stocker ou de l'assurer, ils n'ont qu'à payer les frais du fonds qui sont de l'ordre de 1,5 % des montants investis » explique Eugen Weinberg, analyste sur les matières premières à la Commerzbank. Pour 2009, la plupart des experts voient donc l'or passer au-delà des 1.000 dollars l'once. D'autant que la gestion des réserves de change par les banques centrales entre en ligne de compte. La Russie a ainsi annoncé hier qu'elle souhaiterait voir l'or atteindre près de 10 % de ses réserves, contre un peu plus de 2 % actuellement. Le pays détient aujourd'hui 496 tonnes d'or. La rumeur prête aussi à la Chine, qui détient officiellement 600 tonnes d'or, soit seulement 1 % de ses réserves totales, l'intention de thésauriser un peu plus de lingots.l'inde en retraitReste à savoir si ces niveaux de prix peuvent tenir sur le moyen terme. La demande industrielle et la demande destinée à la joaillerie sont totalement absentes du marché actuellement. Selon Eugen Weinberg, l'Inde, habituellement gros consommateur d'or à destination de la joaillerie, n'a rien acheté sur le marché international depuis le début du mois de février, après avoir acquis seulement 1,8 tonne sur le mois de janvier. « L'accélération de la récession économique, combinée à des prix de l'or à la fois élevés et volatils sur 2009, devrait affecter la demande pour la joaillerie sur les principaux marchés » estiment de leur côté les experts de Natixis. Aline Robert

latribune.fr

02 Mars 2009, 1:37

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