Les petits actionnaires de Natixis montent au front

La pression monte autour de Natixis. Lundi soir tard, le tribunal de grande instance de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur Natixis, selon plusieurs sources proches du dossier. Cette décision fait suite au dépôt d'une plainte de 91 petits actionnaires fin février à laquelle plusieurs centaines d'autres auraient bien aimé se rallier. L'action commune est coordonnée et suivie par l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), présidée par Colette Neuville. La brigade financière va commencer ses investigations dans les tout prochains jours. La justice a également sollicité l'Autorité des marchés financiers dans le cadre de cette plainte pour donner un « avis technique » sur les faits.Les petits actionnaires ont porté plainte pour « informations trompeuses, faux bilan et distribution de dividendes fictifs ». Depuis l'introduction en Bourse de Natixis, fin 2006, ils ont subi de plein fouet la chute de l'action qui est passée de 19,55 euros à 1,25 hier soir. L'avocat des actionnaires, Alain Geniteau, joint par « La Tribune », estime que les propos rassurants de Natixis après la crise des subprimes et au moment de l'augmentation de capital en septembre dernier ne reflétaient pas la réalité des risques supportés par la banque. En attendant que la brigade financière lance ses investigations, d'autres petits porteurs d'actions Natixis se mobilisent. « Énormément de petits actionnaires nous rejoignent. Nous en avons déjà plus de mille et nous en aurons sûrement plusieurs milliers dans les prochaines semaines », explique Colette Neuville. La présidente de l'Adam se plaint que les Caisses d'Épargne et les Banques Populaires, les deux actionnaires de Natixis, ont poussé leurs clients à souscrire des titres en 2006, lors de l'introduction en Bourse ; mais aussi lors de l'augmentation de capital de septembre dernier. « Parfois, certains actionnaires ne savaient pas ce qu'était la Bourse. Les Caisses d'Épargne poussaient certains d'entre eux à sortir de l'argent de leur livret A pour investir dans des actions Natixis. On a détruit l'épargne de millions de gens », s'offusque Colette Neuville. action au pénalLa plainte des actionnaires est d'autant plus sérieuse qu'elle a été déposée au pénal. Si le tribunal ne la requalifie pas, elle pourrait entraîner des condamnations importantes pour Natixis, voire pour ses dirigeants. L'avocat Alain Geniteau note qu'une jurisprudence sur « la divulgation de fausses informations » existe. En 2006, les dirigeants de la société Sidel, spécialisée dans les machines d'emballages, avaient été condamnés pour ce motif à verser 10 euros par action à 700 actionnaires plaignants. Dans le même temps, Natixis est sous le coup de trois enquêtes de l'AMF sur la spéculation de son titre pendant l'augmentation de capital, l'information fournie pendant la crise des subprimes fin 2007 et l'information financière sur les pertes du mois d'octobre. Ces dossiers épineux promettent un redoutable baptême du feu pour le nouveau directeur juridique de Natixis, Christian Le Hir.
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