Fonctionnaires : le pécule de départ très peu prisé

On ne se précipite pas au guichet départ de la fonction publique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le décret du 17 avril 2008 instaurant une indemnité de départ volontaire pour les agents de l'État ne suscite guère de vocations. Selon nos informations, seulement six agents ont perçu le fameux « pécule », et une soixantaine de demandes seraient actuellement à l'étude dans les ministères. C'est Nicolas Sarkozy qui le 19 septembre 2007 avait annoncé la mise en place de ce dispositif. Le chef de l'État estimait qu'« ainsi le fonctionnaire aurait droit [?] à une seconde carrière ». Ce devait être aussi un moyen pour « obtenir la diminution d'un certain nombre d'agents publics dans un contexte de restructuration générale » pour André Santini, secrétaire d'État à la Fonction publique. De ce point de vue, la cible est manquée? Les six fonctionnaires se sont partagé 400.000 euros. Le montant de l'indemnité est déterminé au cas par cas par le service de l'agent mais elle ne peut excéder vingt-quatre douzièmes de la rémunération brute annuelle perçue par le fonctionnaire lors de l'année civile précédant celle du dépôt de sa demande de démission. Dans l'entourage d'Éric Woerth, ministre des Comptes publics et de la Fonction publique, on explique que « ce sont plutôt des agents de catégorie A qui partent afin de mener des projets de créations d'entreprise ». Comment expliquer le peu d'appétence des fonctionnaires pour ce dispositif, alors même que des sondages évoqués par Bercy indiquaient que 20 % des fonctionnaires étaient intéressés ? Un ancien membre du cabinet Santini confiait même à « La Tribune » il y a quelques mois recevoir de nombreux courriers d'agents voulant bénéficier de la mesure. un statut qui protègePour les proches d'Éric Woerth, il paraît clair que « les gens n'ont pas envie de quitter un statut qui les protège ». C'est d'autant plus vrai dans un contexte de récession. Ensuite, tous les agents ne sont pas éligibles au pécule puisque les fonctionnaires à moins de cinq ans de l'âge de la retraite ne peuvent en bénéficier. Du côté des syndicats, Jean-Marc Canon (CGT) estime que l'échec du pécule montre que « ce dispositif n'était pas opportun et qu'il y a sans doute d'autres priorités ». Ce succès très marginal fait douter de la nécessité de l'étendre à la fonction publique territoriale comme cela avait été évoqué en juin dernier. La discussion à l'Assemblée, dans le courant du mois d'avril, du texte sur la mobilité des fonctionnaires pourrait être l'occasion de traiter du sujet. Anne Eveno
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