Laurence Parisot joue la tension contre la CGT

Montrée du doigt, tant par le chef de l'État que par les syndicats, lors du sommet social du 18 février, Laurence Parisot a décidé de contre-attaquer. Lors de sa conférence de presse mensuelle, hier, la présidente du Medef a choisi de planter ses banderilles dans le dos de Bernard Thibault. Le refus du secrétaire général de la CGT de participer à une délibération sociale sur le paritarisme et la modernisation du marché du travail ? « La délibération sociale a fait ses preuves, y compris au bénéfice de la CGT », a rétorqué Laurence Parisot en citant la position commune sur la représentativité conclue avec les seules CGT et CFDT. La journée de mobilisation de jeudi ? « C'est une facilité. Je ne crois pas que ce soit une réponse », a ajouté la patronne des patrons, regrettant que la CGT cède à la « démagogie » et aux « illusions créées ». Les difficultés des entreprises et notamment la mise en faillite de l'Union Navale Marseille ? « Je crois qu'on peut dire : ?Merci la CGT !? » a assené Laurence Parisot.À deux jours de la mobilisation d'ampleur de jeudi, la posture adoptée par la présidente du Medef peut surprendre. D'autant que le mouvement bénéficie d'un large soutien populaire. 78 % des Français l'estiment justifié, voire tout à fait justifié pour 31 % d'entre eux, selon un sondage réalisé par l'Ifop pour « Paris Match ». Un score plus élevé que la précédente journée d'action du 29 janvier (75 %) et le meilleur enregistré depuis dix ans.Dans ce contexte, la sortie de Laurence Parisot peut relever du « coup de gueule » peu calculé. Qui présente, a posteriori, l'avantage de resserrer ses troupes autour d'une rhétorique traditionnelle du patronat. Un exercice de style auquel la présidente du Medef s'était déjà livrée lors de l'assemblée générale de son organisation le 5 février.Jeu de rôleMais il peut s'agir aussi d'un habile jeu de rôle qui conforte la CGT comme chef de file de la protestation au sein de l'intersyndicale. Depuis le début du mouvement, un subtil partage des partitions s'est mis en place. « Avec son fonds d'investissement social, la CFDT a fait une vraie proposition. La CGT, elle, incarne, la force militante, apte à donner le ?la? dans la rue », résume Guy Groux, chercheur au centre de recherches politiques de Science po. Mais, désormais, nombreux sont ceux qui craignent une récupération du mécontentement par des syndicats plus radicaux, tels que Solidaires ou la CNT. Avec son bon score aux prud'homales, la CGT apparaît comme un « méchant » plus fréquentable que les autres. Un rôle que Bernard Thibault n'hésite pas à endosser. La proposition de délibération sociale de Laurence Parisot est une « man?uvre dilatoire ». Quant à son souhait de flexibilité, notamment sur le droit du licenciement, « c'est une provocation », a tranché, hier, le secrétaire général de la CGT dans « Le Monde ». À quelques mois du congrès de la centrale de Montreuil, s'opposer au patronat ne peut pas faire de mal? nERIC PIERMONT/AFP
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