Un palmarès marqué cette année par un environnement fortement dégradé

L'exercice 2008 restera comme « le plus mauvais qu'ait connu l'industrie des hedge funds ces vingt dernières années », indique Patrick Fenal, CEO d'Unigestion. Toutes les données sur l'industrie étaient dans le rouge. Selon le Hedge Fund Research (HFR), les encours ont chuté de 470 milliards de dollars à 1,4 trillion de dollars. Cette baisse s'explique par un effet marché négatif, l'indice calculé par le HFR évaluant la perte moyenne à 19,03 %. Certes, c'est moins que le MSCI World qui a abandonné 42,08 %. Maigre consolation. S'ajoute une vague de rachats sans précédent de 154 milliards de dollars sous l'effet de l'aversion au risque, de la réduction de l'effet de levier et de la course à la liquidité. Enfin, le scandale Madoff a noirci un peu plus le tableau ; les fonds de hedge funds représenteraient 7,2 milliards de dollars sur un total de 65 milliards de pertes liées à la fraude.Ce constat a remis en cause certaines idées reçues comme la décorrélation aux classes d'actifs traditionnelles ou, encore, l'obtention de rendements stables. Il a aussi mis en lumière les carences de la « due diligence » et du « mismatch » de liquidité entraînant un déséquilibre entre l'actif et le passif de nombreux fonds de fonds. Logiquement, un fonds de fonds est moins liquide que ses sous-jacents, ce qui est loin d'avoir été le cas. Au final, un peu moins de 1.000 produits ont fermé. D'autres gérants pourraient cesser leur activité à cause de faibles capitaux à gérer ou en raison de faibles perspectives de rémunération sur les performances à moyen terme. Les professionnels ont donc tiré la sonnette d'alarme. Les autorités sont aussi intervenues. C'est le cas en France avec la mise en place en trois semaines de mesures exceptionnelles à travers l'ordonnance du 23 octobre 2008. Celle-ci autorise les « gates » (limitations des rachats), les « side pockets » (cantonnement d'actifs devenus illiquides) et le changement de périodicité du calcul de la valeur liquidative. Si ces mesures ont permis de « sauver » certains acteurs de la place, elles sont loin d'avoir fait l'unanimité. Quoi qu'il en soit, l'industrie des hedge funds subira une mutation naturelle initiée par les acteurs mais aussi, inévitablement, par les politiques comme l'ont montré le dernier G20 et la récente proposition de directive européenne sur les hedge funds.C'est dans ce sombre contexte que « La Tribune », en partenariat avec l'Edhec, publie son quatrième palmarès sur les fonds de hedge funds de droit français. À la différence des éditions précédentes, la période analysée porte sur trois années civiles pleines (de janvier 2006 à décembre 2008). Cela permet de prendre en considération tous les événements financiers intervenus l'an passé, notamment depuis la faillite en septembre de Lehman Brothers.Cette année, 25 fonds de fonds ont été notés selon une méthodologie établie par l'Edhec (lire page 17). À noter que plusieurs d'entre eux ont utilisé les outils mis à leur disposition par les autorités. Alors qu'Allianz Alternative Asset Management trustait les premières places lors de la dernière édition, plus aucun fonds de cette maison n'apparaît dans le classement 2008. Cette société de gestion est remplacée par Natixis Multimanager (pôle d'expertise de multigestion de Natixis) qui place 3 fonds sur 25 et Fauchier Partners (filiale de gestion de fonds de hedge funds de BNP Paribas IP) qui en classe 2. Les fonds BNP Paribas Alternatif I et Natixis Alternatif 3 se partagent la première place avec une note de 3,83 sur 4. Altipro III de Altigefi, société de gestion rachetée récemment par Sal. Oppenheim, et HDF Multi Alternatives A de HDF Finance complètent le podium avec respectivement une note de 3,67 et 3,50.
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