Les cours du brut ignorent la faiblesse de la demande

Alerte à la spéculation ! Deux semaines avant la prochaine réunion des pays producteurs de pétrole, le 28 mai prochain, le ton a été donné par les Saoudiens. Selon le quotidien « Al-Hayat », les autorités saoudiennes estiment que « la récente hausse des cours du pétrole ne reflète pas la réalité de la demande ». Et quelle hausse : depuis son plus-bas du 12 février dernier, le baril s'est repris de 70 % à près de 57 dollars vendredi soir, pour le WTI. Alors que la demande, au contraire, n'en finit pas de s'éroder : les dernières statistiques de l'Agence internationale de l'énergie et de l'Opep ne disent pas autre chose. Et que les stocks flirtent avec des niveaux historiquement élevés. Le redémarrage des cours du pétrole, qui s'est accéléré en mai, affiche une forte proximité avec l'évolution des marchés actions : la corrélation observée entre l'évolution du S&P 500 et du West Texas Intermediate est actuellement à son plus haut niveau depuis la fin des années 1990. La Deutsche Bank estime ainsi que, depuis septembre 2008, chaque mouvement de 50 points du S&P 500 se traduit par une évolution de 7 dollars du baril de pétrole coté aux États-Unis. La remontée des cours du brut doit donc être mise en relation avec le regain d'optimisme des investisseurs sur les perspectives de l'économie mondiale. Sur le seul mois de mars, 10 milliards de dollars ont été investis sur l'énergie au travers des principaux indices de matières premières, relèvent les experts de Natixis. prix révisésLes motifs de la hausse du brut semblent donc fragiles. Selon Dow Jones, une trentaine d'analystes ont révisé à la baisse leurs prévisions de prix du baril en 2010 depuis un mois. Le cours moyen du baril, qui se situe à 46 dollars depuis le début de 2009, ne devrait pas dépasser les 62 dollars l'année prochaine selon les spécialistes, d'autant que l'offre progresse. L'Opep peine à respecter ses quotas : la production des pays du cartel aurait dépassé, en avril, celle de mars, selon Oil Movements. Plutôt que de réduire son offre de 4,2 millions de barils par jour, les pays producteurs ne l'ont fait que de 3,5 millions de barils par jour, soit 85 %. Les capacités de production inutilisées de l'Opep sont aujourd'hui de 4 millions de barils par jour, soit leur plus haut depuis sept ans. Le niveau global des capacités non utilisées pourrait atteindre 6 millions de barils par jour d'ici à la fin de l'année en raison de la mise en route de nouveaux forages dans les pays hors Opep. Des projets qui pourraient à la fois faire plafonner les prix du pétrole et compromettre leurs successeurs. En effet, les nouveaux gisements sont désormais le plus souvent de type « non conventionnel » : ils nécessitent des cours élevés sur une longue période pour que leur exploitation soit envisageable.
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