Le thème de la sortie de crise divise l'exécutif

Désormais, notre discours doit s'inscrire dans l'après-crise. Il faut tracer des perspectives. » Dès le lendemain des élections européennes, le 8 juin, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, se montre catégorique?: il faut cesser de renforcer la déprime des électeurs avec un discours larmoyant. Que le gouvernement se projette enfin dans une deuxième étape du quinquennat?! Depuis dix jours, ce thème ne cesse d'agiter la majorité, et ce jusqu'au sommet de l'exécutif. Après que François Fillon eut évoqué, la semaine dernière, la recherche d'un nouveau « contrat social, notre contrat républicain [?] dans le cadre de la sortie de crise qui s'annonce », le débat fait rage. Conseiller spécial du président de la République, Henri Guaino fait entendre une autre musique. « La crise n'est pas finie, a-t-il tonné, dimanche. Nul ne sait jusqu'où elle s'aggravera ni quand elle se terminera. »François Fillon lui a répondu mardi, devant les patrons de PME. Après avoir évoqué « quelques signaux positifs », comme l'amorce du redressement du « climat des affaires » ou le redémarrage en Chine, il s'est écarté de son texte écrit pour fustiger le trop plein de pessimisme. « Quel est le rôle des responsables politiques?? Ce n'est pas seulement de venir tous les matins devant les caméras de télévision pour dire « vous savez c'est très dur, mais ça va être beaucoup plus dur demain ». Et d'ajouter?: « Le rôle des responsables politiques, c'est à la fois de dire la vérité et en même temps de tracer des perspectives de sortie. »Ces perspectives, Nicolas Sarkozy les dessinera lundi, devant le Congrès, réuni à Versailles. Derrière le débat sur la fin de la crise ou pas, c'est bien le discours présidentiel qui est en jeu. D'un côté, les « gestionnaires », voudraient qu'après l'envolée des déficits publics liée à la crise ? ceux-ci dépasseront largement les 6 % du PIB cette année ?, il soit très vite annoncé aux Français que la rigueur, incontournable, ne tardera pas à revenir au premier rang de préoccupations gouvernementales. « Il faut d'ores et déjà parler de la dette » estime Jean-François Copé, ex-ministre du Budget. François Fillon n'est pas loin de cette ligne. Il insiste sur le nécessaire renforcement de la compétitivité de l'économie française. Au passage, il suggère des réformes importantes de la protection sociale?: « Notre défi, c'est de rester suffisamment réactifs pour saisir le rebond?! C'est d'éviter que les atouts de notre État protecteur ne viennent à se transformer en freins lorsque la conjoncture sera plus favorable. »tracer les perspectivesRéformer l'État protecteur?? À l'instar d'Henri Guaino, les tenants du discours sur la persistance de la crise, ou du moins sur l'impossibilité de tabler sur une quelconque reprise, ne veulent pas que les conséquences sociales de la récession soient passées, d'ores et déjà, par pertes et profits. Et s'ils sont d'accord pour tracer des perspectives, ce n'est surtout pas en croyant que tout pourra être comme avant. Le débat se focalise notamment sur le rôle de l'État, qui s'est accru depuis septembre dernier. Pourra-t-il se retirer du jeu, le mouvement de libéralisation se poursuivant, ou faut-il partir des bases nouvelles créées par la crise?? Faut-il mettre en place « un plan de stabilisation des finances publiques » comme le suggère Christine Lagarde, ou doit-on surtout prendre garde à ne pas « casser » la reprise?? n
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