Menaces sur la rentabilité

EUROPELes activités de banque d'investissement ont joué un rôle clé dans le redressement des résultats de nombreux établissements européens depuis le début de l'année, mais leur étoile pourrait bientôt pâlir. C'est du moins l'opinion des analystes de Credit Suisse, qui avertissent que « les banques d'investissement européennes auront des difficultés à générer un retour sur fonds propres en moyenne de cycle supérieur à leur coût du capital ». Un pessimisme qui s'appuie sur deux perspectives défavorables pour le secteur.Primo, les activités de marché, qui ont enregistré d'excellents résultats depuis janvier, devraient voir leurs revenus refluer. Notamment dans les activités de taux : « la réduction des marges d'intérêt que nous anticipions semble se concrétiser », avertit Credit Suisse, ce qui aura pour effet de dévoiler au grand jour la « détérioration de la rentabilité sous-jacente des franchises de banque d'investissement européennes ». D'autant que ce début de normalisation des conditions de marché devrait s'accompagner d'une intensification de la concurrence, après un semestre marqué par l'absence ou la faible activité des acteurs sonnés par le choc de la fin de 2008, ce qui a permis aux établissements les plus actifs d'augmenter leurs marges. Reste que cette pression à la baisse sur les marges sera moins forte sur les solutions sur-mesure que sur les produits basiques (« vanille »), ce qui permettra aux établissements leaders, qui maîtrisent les structurations complexes, de pousser leur avantage.Secundo, les régulateurs devraient bientôt renforcer les exigences en fonds propres qui s'appliquent aux banques d'investissement. La Commission européenne a en effet publié mi-juillet une proposition de révision de la directive sur les fonds propres réglementaires visant à renforcer la pondération associée aux activités de marché. Cette réforme aurait pour effet d'alourdir les « encours pondérés du risque », qui servent de base au calcul des fameux ratios « Tier-1 » couramment utilisés pour évaluer la solidité des banques et les comparer entre elles. Selon les estimations de Credit Suisse, ces encours pondérés bondiraient alors de 479 milliards d'euros pour l'ensemble du secteur. De quoi amputer les ratios Tier-1 de 0,9 point en moyenne. Mais toutes les banques ne sont pas égales face à ces évolutions réglementaires (voir graphique). « Les banques françaises seraient les moins affectées », prévoit Credit Suisse, pour qui « les autorités de régulation du pays semblent avoir anticipé les changements à venir en se servant de la flexibilité des règles actuelles pour exiger dès aujourd'hui davantage de capitaux. » BNP Paribas et Société Généralecute; Générale devraient en effet voir leurs encours pondérés croître de 3 % et 6 %, respectivement, contre une augmentation de 15 % pour RBS et Commerzbank, 18 % pour Barclays, 24 % pour UBS et même 28 % pour Barclays.
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