La crise fait de l'ombre à l'euro

Depuis l'entrée dans la phase aiguë de la crise financière provoquée par la faillite de Lehman Brothers, le dollar a confirmé que son cycle de six ans de baisse était arrivé à son terme. Sous l'impulsion d'une demande exacerbée de la part des banques et des entreprises pour simplement continuer à fonctionner et de la part des investisseurs devenus allergiques au risque, il a retrouvé son statut de valeur refuge. Résultat?: le billet vert a connu, en octobre, son plus fort gain mensuel depuis dix-sept ans, calculé par son indice pondéré par rapport aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, tandis que l'euro établissait la pire performance de ses dix ans d'histoire face au dollar et au yen. Si le dollar fait quasiment du surplace depuis lors, pour se négocier hier autour de 1,2650 pour un euro en dépit du fort rebond de la production industrielle américaine en octobre, aucun des soixante stratèges du panel de l'agence Reuters ne donne la moindre chance à la monnaie unique des Quinze de rebondir. La zone euro s'enfonce dans la récession et les perspectives de nouvelles baisses musclées des taux de la Banque centrale européenne se renforcent.Les experts constatent en outre que la vieille Europe a basculé dans le déficit commercial, qui fut longtemps la plaie ouverte des États-Unis et le détonateur de la baisse du dollar. Les statistiques publiées hier ont fait ressortir un déficit de 5,6 milliards d'euros en septembre, après un trou de 9,4 milliards en août, alors que les Quinze étaient en excédent à la même époque de 2007. questions impensablesMais il y a plus grave?: certains Cassandre commencent à s'interroger sur les chances de survie de l'euro si la crise ne trouve pas une issue prochaine, crise qui a révélé les limites du « one size fits all », le modèle à taille unique, appliqué à quinze pays dont les économies subissent des chocs asymétriques et qui vivent au rythme d'une politique monétaire commune. C'est le cas de la banque suisse UBS qui pose carrément la question?: « l'euro peut-il survivre ? », tout en admettant que la détérioration de l'environnement économique amène à se poser les questions jusqu'alors impensables. Si elle répond que l'éclatement de l'euro est hautement improbable, la banque souligne que son élargissement à de nouveaux membres ? seule la Slovaquie est élue pour la vague 2009 ? va devenir extrêmement sélectif, à un moment où certains de ses satellites, les plus réticents, commencent à lui faire les yeux doux. Qu'il s'agisse du Danemark ou de la Grande-Bretagne dont la livre est en perdition. Isabelle Croizard

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