Les Européens ajustent la PAC avant sa grande réforme

C'est un peu l'esquisse avant l'?uvre. Les ministres européens de l'Agriculture se réunissent ce mardi à Bruxelles pour adapter la PAC (politique agricole commune) au contexte de la croissance de la demande alimentaire mondiale. Avant d'engager une profonde réforme en 2013, il s'agit aujourd'hui de réaménager le fonctionnement actuel de la PAC et tenir compte de la volatilité des marchés, des crises comme celle subie par les éleveurs ovins due à la fièvre catarrhale, ou encore des défis énergétiques. A priori technique, cet exercice que la Commission européenne nomme « bilan de sant頻 provoque tout de même la discorde au sein des États membres. Car il préfigure la ligne de conduite pour après 2013. Bruxelles souhaite essentiellement lever les restrictions pesant sur la production agricole européenne et limiter toute une série de subventions, notamment aux grandes exploitations. Pour augmenter la production par exemple, la mise en jachère obligatoire de 10 % des terres ainsi que les quotas de production de lait seraient supprimés. Si la disparition des jachères ne pose aucun problème, celle des quotas laitiers, prévue d'une façon progressive pour 2015, divise. Les quotas en questionDes pays comme l'Italie, l'Espagne ou les Pays-Bas prônent une fin aussi rapide que possible de ces quotas, car ils estiment que leurs éleveurs pourront sans problème absorber le surplus de production ainsi libéré. En revanche, la France estime que la suppression des quotas laitiers menace l'avenir des zones d'élevage les plus fragiles, en montagne notamment, moins compétitives que les zones de plaine en raison de coûts de fonctionnement supérieurs. Selon le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier, qui préside le Conseil agricole de l'Union, il s'agit là d'un « outil » d'aménagement de territoire. L'homme de la Savoie sait de quoi il parle. Et promet qu'il n'accepterait pas la disparition des quotas laitiers « sans des mesures d'accompagnement ». Cette obstination de Michel Barnier en faveur des éleveurs fait grincer les dents en France dans les régions de grandes cultures. Car en ce qui concerne le redéploiement des subventions préconisé par la Commission, il se montre plus royaliste que le roi. Il milite pour utiliser jusqu'à 15 % des aides versées essentiellement aux céréaliers pour soutenir des secteurs en difficulté comme l'élevage ou pour contribuer à assurer la production aux aléas climatiques et aux pertes de revenu résultant des maladies animales ou végétales. « Il faut arrêter d'arroser là où c'est déjà archi-mouill頻, résume un proche de Michel Barnier. Il est par ailleurs question d'abonder encore davantage le budget de développement rural qui constitue le deuxième « pilier » de la PAC. La Commission propose de porter le taux de prélèvement sur les aides directes de 5 % à 13 % d'ici à 2012. Les fonds ainsi libérés pourraient être utilisés par les États membres pour renforcer les programmes concernant le changement climatique, les énergies renouvelables ou encore la gestion de l'eau. Michel Barnier souhaite cependant limiter la modulation des aides en faveur du développement rural à 9 %. Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, et Marianne Fischer-Boel, commissaire européen à l'Agriculture, le 28 octobre à Luxembourg.

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