La relance n'est plus un tabou en Europe

La crise économique fait sauter les frontières idéologiques. Quarante-sept des plus grands industriels européens, dont Nokia, Saint-Gobain, Siemens ou Renault, que l'on peut difficilement suspecter de keynésiens, se sont prononcés hier en faveur d'une relance budgétaire pour redonner de l'oxygène dans l'activité économique. « Nous acceptons et soutenons les stratégies présentées au cours du week-end par les dirigeants du G20. Mais l'urgence de la situation appelle des mesures précises et allant beaucoup plus loin », écrivent, dans un communiqué, ces grandes entreprises, rassemblées dans une association dite la Table ronde européenne des industriels. Elles demandent en particulier « plus d'impulsions budgétaires, notamment de la part de la première économie européenne, l'Allemagne », via des programmes massifs d'investissement et des baisses d'impôt. Leur faisant écho, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, a estimé hier que la relance budgétaire doit primer sur le rétablissement de l'équilibre des finances publiques. Alors que la Commission européenne prépare un plan d'action de soutien à l'économie qu'elle présentera le 26 novembre, son président, José Manuel Barroso, s'est visiblement lui aussi converti au keynésianisme. Lors d'une rencontre hier à Londres avec le Premier ministre, Gordon Brown, il a affirmé que l'Europe avait « besoin d'un plan de relance budgétaire ». Il a cependant évoqué des mesures « opportunes, ciblées et temporaires ». Ce qui n'est pas du goût du président de Nokia, Jorma Ollila, qui estime que « les États européens doivent prendre des mesures de relance budgétaire d'une ampleur exceptionnelle ». Et non des plans de relance tendant à favoriser des secteurs d'activité ciblés comme l'automobile par exemple. L'Italie devrait annoncer cette semaine un plan de relance de quelque 80 milliards d'euros pour financer notamment des investissements dans des grands travaux. Selon l'opposition toutefois, l'essentiel des mesures envisagées serait constitué de fonds déjà affectés. La Grande-Bretagne devrait emboîter le pas lundi prochain, à l'occasion de la publication du projet de budget 2009. L'Espagne, enfin, devrait dévoiler son propre plan le 27 novembre, le lendemain de la communication de la Commission européenne. Le grand absent que tout le monde attend, l'Allemagne, n'envisage pour l'heure que des mesures ciblées. M. D.

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