Moscou pris de court par le déclin de la production industrielle

La Russie est le 3e pays parmi les Bric à publier des résultats industriels inquiétants après la Chine et l'Inde. La semaine dernière, le vice-ministre de l'Économie Andreï Klepatch a reconnu que le pays était entré en récession, avant de se faire immédiatement moucher par Vladimir Poutine. Le ministre des Finances Alexeï Koudrine compte toujours sur une croissance de 6,8 % en 2008 et de 3 % l'année prochaine. Sur le premier semestre 2008, la croissance russe caracolait à un rythme supérieur à 8 %. C'était avant que l'effondrement du baril de pétrole ne déséquilibre une économie russe à 1.300 milliards de dollars, très largement dépendante des exportations d'énergie.Les industries automobile et métallurgique, le BTP et le secteur bancaire sont les plus touchés par la crise. En glissement annuel, le mois de novembre 2008 montre une chute de 42 % de la production de minerai de fer et de 44 % pour les produits finis en acier. « Les entreprises exportatrices de matières premières sont particulièrement exposées car elles sont endettées, et leurs créanciers demandent aujourd'hui de rembourser leurs dettes, précisément au moment où la conjoncture s'est gravement détériorée », analyse Anna Dorbec, économiste chez BNP-Paribas », analyse Anna Dorbec, économiste chez BNP-Paribas.Un tiers des banques russes (soit 288 établissements) étaient dans le rouge en octobre, avec des pertes totales chiffrées à 2,52 milliards de dollars, selon la Banque centrale. Malgré l'injection par l'État de quelque 140 milliards d'euros en liquide dans le système bancaire russe, les banques rechignent à obéir aux injonctions du Kremlin consistant à créditer les entreprises russes. Les grandes banques russes, lourdement endettées à l'étranger et victimes de retraits de dépôts massifs, s'attendent en outre à une importante dévaluation du rouble dans les prochaines semaines. La devise russe suit toujours les mouvements du baril de pétrole, lequel a perdu 100 dollars (60 % de sa valeur) au cours des cinq derniers mois. La Banque centrale de Russie a déjà dépensé plus de 160 milliards de dollars (sur 600) pour assurer une dévaluation progressive du rouble.200.000 licenciementsLes conséquences touchent déjà l'ensemble de l'économie du pays et le moral de la population. Le gouvernement table sur 200.000 licenciements, un chiffre notoirement optimiste selon les économistes. Déjà 600.000 personnes sont touchées par les retards de salaire et un nombre largement supérieur mais difficile à chiffrer ont subi d'importantes réductions de salaire. Une vieille pratique des années 90 consistant pour les entreprises à payer leurs employés en biens de production plutôt qu'en liquide a aussi refait surface. Le total des arriérés de salaire dépasse déjà les 200 millions d'euros dans l'ensemble du pays. Face à cette forte dégradation du climat économique, Moscou n'a d'autre choix que de puiser dans sa cagnotte. « L'État finance un vaste plan de soutien fiscal sur son épargne, mais dont l'impact positif risque de ne pas se faire sentir avant la mi-2009 », commente Anna Dorbec. Reste, pour l'an prochain, une inconnue, qui sera déterminante pour l'économie russe : le niveau du prix du baril de pétrole. Le maintien au-dessus de la barre des 50 dollars, cumulé au soutien de l'État à l'activité économique, permettrait de tenir à distance le spectre de la récession.n++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n signature++BSF ++
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