Lafarge digère Orascom

La plus grande cimenterie de Lafarge au monde, avec 10 millions de tonnes de capacité de production, n'est pas située en France. Ni même en Europe. Mais en Égypte, en plein désert, à 100 km du Caire. Lafarge en est propriétaire depuis l'acquisition en janvier 2008 du cimentier Orascom Cement, leader en Égypte, en Algérie, aux Émirats arabes unis et en Irak. Il lui a ouvert les portes du Moyen-Orient, une région stratégique portée par les revenus du pétrole et du gaz. Un an après, Lafarge estime avoir déjà achevé la fusion et escompte réaliser 80 millions d'euros de synergies en 2009 et près de 150 en 2010.nouveau plan d'économieMais la crise financière ne va-t-elle pas affecter la région ? Depuis trois mois, à Dubaï, le Manhattan du Moyen-Orient, « des projets de construction ont été retardés ou arrêtés », constate Didier Bosredon, qui supervise l'édification dans l'émirat de la Burj Tower, gratte-ciel de plus de 800 mètres. Emaar Properties, promoteur entre autres de la Burj Tower, a licencié 500 personnes. Toutefois la construction de routes, de ponts ou d'un tramway avec Alstom se poursuit. « La croissance à Dubaï devrait atteindre 4 % en 2009, loin d'une récession. En outre, le PIB des Émirats arabes unis est estimé à 228 milliards de dollars en 2008 et les recettes d'exportation d'hydrocarbures à 70 milliards », note la mission économique de l'ambassade de France. L'émirat voisin Abu Dhabi, moins diversifié, planifie à son tour de nombreux projets touristiques.En Égypte, les besoins en infrastructures, logements, écoles, hôpitaux, pour lesquels le gouvernement a prévu d'investir 6 milliards d'euros en 2009-2010, sont considérables. Lafarge estime que la croissance du PIB ne devrait que faiblement ralentir en 2009. Reste que l'acquisition d'Orascom Cement pour 8,8 milliards d'euros a lourdement endetté Lafarge, dont la dette totale atteint 17 milliards. « Notre priorité est au désendettement et à la génération de cash-flow », rappelle le PDG, Bruno Lafont, qui a déjà annoncé un nouveau plan d'économies de 400 millions d'euros, a ramené ses projets de développement dans le ciment de 60 à 48 millions de tonnes et pourrait céder au-delà du milliard d'euros initialement annoncé. Sera-ce suffisant ? « Le crédit syndiqué mis en place pour le rachat d'Orascom impose à Lafarge un ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation de 3,75 fois à fin 2009. En 2009, Lafarge devra sans doute négocier une suspension de cette clause avec ses banquiers et en contre-partie accepter des concessions. Boucler des cessions importantes semble impossible actuellement. Procéder à une augmentation de capital se heurterait au veto des actionnaires de référence, Albert Frère et Nassef Sawiris. Seule issue : suspendre le dividende au titre de 2008 pour éviter de décaisser 700 millions en 2009 », estime Jean-Christophe Lefèvre-Moulenq, analyste au CM-CIC. Sophie Sanchez, au Caire et à Dubaï
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