« Le changement est arrivé en Amérique »

Il est de notre pouvoir de changer le monde. » Barack Obama aurait pu prononcer cette célèbre formule du pamphlétaire Thomas Payne. Le 4 novembre 2008, un sénateur jeune, métis et peu connu du grand public avant sa candidature s'est engagé à « reconquérir le rêve américain » et à « reconstruire (la) nation ». La modernité et le dynamisme de sa campagne ont séduit les jeunes, vieux, riches ou pauvres, prenant de court ses adversaires. Barack Obama entend présider avec autant d'énergie et de pragmatisme. Après huit années d'administration Bush, il promet de bouleverser la façon de gouverner à Washington et propose un nouveau contrat social à ses compatriotes. « Le changement est arrivé en Amérique », annonçait-il le 4 novembre.Compte tenu de la brutale dégradation de la conjoncture depuis le scrutin, les Américains attendent de leur nouveau président qu'il extirpe les États-Unis de la récession, en rompant avec les politiques menées par George W. Bush. Pour s'attaquer à la racine du mal, Obama compte endiguer les saisies de logement. L'administration Bush, elle, s'est surtout employée à injecter des capitaux dans les établissements de Wall Street, sans réellement se pencher sur la détresse des foyers américains.assurance santé généraliséeLes grands travaux d'infrastructures promis par Obama créeront environ 4 millions d'emplois « non délocalisables » et pour beaucoup industriels. Le développement des énergies renouvelables participera à l'effort de restauration du tissu industriel américain : une politique énergétique aux antipodes de celle de Bush, qui a refusé de ratifier Kyoto.Autre tournant majeur, pour défendre le « made in America », l'ex-sénateur entend inclure des clauses sociales et environnementales dans les traités de libre-échange, précaution dénoncée par le camp républicain qui hurle au protectionnisme. Obama veut aussi rompre avec la politique fiscale de son prédécesseur, en accordant des baisses d'impôts aux « classes moyennes ». Enfin, l'État veut généraliser l'assurance santé. Une révolution pour les 47 millions d'individus qui en sont totalement dépourvus.En nommant Hillary Clinton au département d'État, Obama marque encore sa différence avec Bush. Il s'entoure de libéraux, de secrétaires d'État proches des milieux syndicaux et même de républicains. Avec pour objectif de réussir collectivement et de fédérer une Amérique divisée par les clivages partisans des dernières années. Quitte à chagriner les « progressistes » de son parti qui espéraient la nomination de ministres peut-être moins expérimentés, mais aux idées plus radicales.Sur le plan international, la rupture est aussi promise : la diplomatie sera privilégiée sur la force et le retrait progressif d'Irak a également vocation à restaurer le prestige de la première puissance mondiale. Mais le legs économique, social et diplomatique de Bush est tel qu'au sein de la famille démocrate, de nombreux partisans du nouveau président craignent qu'il soit davantage affairé à inverser les politiques de son prédécesseur qu'à imposer de véritables « changements » à son pays.Éric Chalmet,à New York
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.