« La fin de la récession dépendra du nouveau président »

Obama a promis la création de 3 puis 4 millions d'emplois grâce à son plan de relance. Pourquoi cette surenchère ? Si les estimations de l'équipe Obama ont été revues à la hausse, c'est parce que le montant du plan a augmenté. Je pensais d'ailleurs que leurs chiffres initiaux étaient trop timides. Cela dit, ce genre de calculs est quelque peu incertain. Toujours est-il que j'estime que la relance devrait effectivement apporter 3 à 4 millions d'emplois supplémentaires d'ici à la fin de l'année 2010. Et cela n'aurait pas été le cas sans ce plan.Certains politologues prétendent pourtant que la reprise est surtout une question de chance, et qu'un président ne peut pas faire grand-chose pour stimuler l'activité économique? Je ne suis pas d'accord. Qu'un sévère ralentissement ou une récession perdure ou non aux États-Unis et donc dans le reste du monde dépend essentiellement de la politique engagée par le nouveau président et le Congrès. Une action concertée, large et cohérente vis-à-vis de la crise économique et financière est absolument nécessaire. C'est la leçon de la Grande Dépression de 1929. Lorsque le gouvernement de l'époque a réagi, il était déjà trop tard. L'administration Obama ne fera pas la même erreur.Compte tenu de la majorité démocrate au Congrès, que pensez-vous de la stratégie d'Obama d'inclure dans son plan des réductions d'impôts pour les sociétés afin de séduire les républicains ?C'est une bonne idée, qui permet d'élargir le soutien au plan de relance et de le faire adopter rapidement. Pour que ces mesures soient efficaces, il faut qu'elles agissent rapidement sur l'économie. De plus, si les Américains constatent que le plan en question bénéficie du soutien des deux partis, ils auront davantage confiance. D'ailleurs, le succès de la relance est autant une question de dollars que de retour de la confiance.Vous avez estimé que les allocations chômage et les bons d'alimentation en faveur des plus démunis étaient la meilleure façon de relancer l'économie. Pourquoi pas les réductions d'impôts ?Accroître ce type de prestations sociales est en effet la meilleure des dépenses, car elle permet de stimuler de façon importante l'activité économique, les ménages à bas revenus ? qui souffrent le plus actuellement ? dépensant rapidement la quasi-totalité de cet argent supplémentaire. En revanche, les réductions d'impôts, et en particulier celles destinées aux ménages aisés, s'avèrent moins efficaces, du fait qu'une partie de ces avantages servira à l'épargne ou sera dépensé dans l'achat de produits importés. Ce qui, au final, se révèle improductif pour l'emploi au niveau national?Comment maîtriser le gigantesque déficit budgétaire, déjà estimé à 1.300 milliards de dollars pour 2009, alors que d'autres dépenses ? de santé et de retraite ? sont appelées à croître ?Cette question est effectivement très problématique. Il est crucial de réagir de façon ferme à la crise. Mais il sera encore plus déterminant pour le Congrès de parvenir à maîtriser les énormes déficits budgétaires et le fardeau de la dette une fois la crise estompée. Cet objectif exigera des coupes budgétaires sérieuses, des augmentations d'impôts et des réformes dans la politique de santé, des retraites et de l'énergie. Les défis auxquels doit faire face le président Obama sont donc immenses, comme il l'a lui même rappelé samedi. nMark Zandi, chef économiste, Economy.com
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