« Je n'ai pas l'intention de l'appeler ? Brother ! ? », s'exclame Caesar Richburg. Quand le candidat Obama est venu en Caroline du Sud, où se trouve l'église de ce pasteur noir, il lui avait déjà donné du « Mister President ». « J'étais sûr qu'il allait être élu », assure-t-il. Pour ajouter : « Demain, il sera le président de tous les Américains. » Autrement dit, pas des seuls Afro-Américains? « Nous ne disons pas : les Noirs d'abord », explique d'ailleurs Marc Morial, président de la National Urban League, l'une des plus vieilles organisations de promotion des droits des Noirs, « nous disons simplement que nous voulons les mêmes opportunités que les autres. Mais si Obama a gagné l'élection en transcendant les clivages raciaux, cela n'empêche pas les Noirs (13 % de la population) ? en ce jour de célébration de la mémoire de Martin Luther King ? de nourrir aujourd'hui un immense espoir. Le succès d'Obama ? historique ? n'a pas effacé les maux dont souffre la communauté noire. Pas plus que la réussite des quelques emblèmes noirs de l'Amérique ? de Colin Powell à Condoleezza Rice (successivement secrétaires d'État), de Stanley O'Neal (ex-PDG de Merrill Lynch) à Dick Parsons (ancien patron de Time Warner) ? en passant par les stars du sport et du cinéma, n'occulte la situation socio-économique de la plupart des Noirs. un fossé toujours béantLe fossé, en matière d'éducation, de revenus, de santé, de retraite, est toujours béant. Ainsi, les Noirs ont deux fois plus de risques d'être au chômage que les Blancs, d'autant qu'ils ont moins de diplômes. La désindustrialisation qui sévit depuis plusieurs années n'a fait qu'accentuer le phénomène, privant les Noirs d'emplois bien payés dans l'industrie automobile ou la sidérurgie. En 2007, le revenu moyen d'une famille blanche était de 64.427 dollars par an, contre 40.143 pour une famille noire. Deux fois plus de Noirs que de Blancs sont sans assurance-maladie. Moins de 50 % d'entre eux sont propriétaires de leur maison, contre plus de 75 % pour les Blancs. Les Noirs sont aussi trois fois plus concernés par les crédits subprimes ? et donc menacés de saisie immobilière ? que les Blancs. Bref, si la crise économique que traversent actuellement les États-Unis affecte toute la population, les Afro-Américains sont plus touchés que les autres. Du coup, la bataille qu'engage le nouveau président sur l'économie prend une dimension historique. Il s'agira, grâce aux efforts qu'il veut mener, notamment sur la santé et l'éducation, de réduire cette fracture sociale. Le plan de relance, visant à créer quatre millions d'emplois, sera lui aussi crucial pour la communauté. « Obama peut y arriver, assure Marc Morial, notre enthousiasme, et celui de la nation tout entière, est immense et sa volonté semble également très grande », conclut-il. L. J.B

latribune.fr

30 Jan 2009, 1:28

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