« ? Les investisseurs ne sont pas satisfaits des informations des hedge funds ? »

àl'origine, les hedge funds et fonds de hedge funds étaient dédiés à une clientèle privée. Mais, depuis quelques années, les investisseurs institutionnels s'y intéressent de plus en plus. Ces derniers, qui ont des comptes à rendre à leurs propres investisseurs, sont très soucieux de savoir comment leur argent est alloué par les gérants, dans quelles stratégies ils investissent, leur prise de risque et bien évidemment si la performance est au rendez-vous ou pas. Comme moyen de contrôle, les sociétés de gestion leur fournissent des reporting. C'est dire l'importance, dans le contexte actuel de crise financière, du reporting, véritable outil d'information, de communication, mais aussi de marketing. Afin d'en mesurer la qualité, l'Edhec Risk and Asset Management Research Centre, en partenariat avec Newedge, a réalisé une étude représentative de l'industrie européenne des hedge funds auprès de 214 gérants de hedge funds, de fonds de fonds de hedge et des investisseurs (institutionnels et privés). À noter que la collecte des réponses a eu lieu avant la révélation de l'affaire Madoff?Vous êtes, avec David Schröder, coauteur de cette étude. Quels sont les principaux objectifs d'un reporting de hedge funds et que doit-il contenir comme informations ?Tout d'abord, 92 % des répondants estiment que la bonne qualité d'un reporting d'un hedge funds est un signe de qualité du produit. De plus, c'est un critère important dans la prise de décision d'investissement. Pour la grande majorité de nos répondants, un bon reporting devrait être clair dans les termes utilisés et la présentation des informations, consistant et à propos. L'information sur le risque absolu du produit est considérée comme très importante. À l'inverse, la fréquence de diffusion n'est pas primordiale. Une diffusion annuelle sur la structure opérationnelle du produit et mensuelle sur la performance, cela paraît suffisant. Plus surprenant, l'information sur le risque opérationnel est jugée peu importante tout comme les perspectives sur la stratégie du hedge funds.Sur la question du contenu d'un bon reporting, les réponses des gérants correspondent-elles aux attentes des investisseurs ?On constate des divergences de vues entre les deux parties. En général, les investisseurs ont tendance à exiger davantage de renseignements que ce qu'il y a dans les reporting. Les investisseurs aimeraient être mieux informés sur les risques de liquidité, les risques opérationnels (fraudes, faillites?), l'exposition aux différents risques financiers (crédit, volatilité?) et sur la composition des portefeuilles. Les investisseurs ne sont donc pas satisfaits, du moins sur certains points, de la qualité des reporting qu'on leur communique.Les gérants utilisent plus d'indicateurs qu'ils n'en diffusent, notamment sur la mesure du risque de performance, ce qui ajoute à l'opacité de ces produits. Pourquoi une telle rétention d'informations ?Les gérants de hedge funds surestiment la qualité de leur reporting. 59 % pensent qu'ils fournissent suffisamment d'informations mais seulement 18 % des investisseurs pensent la même chose. Ils pensent, à 80 %, que cela n'intéresse pas les investisseurs. Par ailleurs, ils sont 50 % à croire que cela permet d'avoir des reporting concis. Il n'est pas vraiment utile d'avoir des reporting de plusieurs dizaines de pages car cela risque de noyer les informations essentielles. Enfin, certains expliquent que ça leur évite de trop dévoiler leur stratégie. Ce qui laisse supposer qu'ils « cachent » le risque.Quels sont les indicateurs de mesures retenus ?Pour ce qui est de l'indicateur de performance ajusté du risque, on constate que le ratio de Sharpe a toujours les préférences des gérants, ce que ne valident pas beaucoup d'études empiriques. Il en va de même pour la volatilité qui, pour 70 % des répondants, est la mesure la plus importante. Des associations représentant l'industrie et des régulateurs, comme l'Aima (Alternative Investment Management Association) et le HFSB (Hedge Fund Standards Board), publient des guides de bonne conduite sur ces produits.Constatez-vous un écart avec les attentes des investisseurs ?Tout à fait. La plupart de ces « guidelines » restent très vagues et concernent des aspects qui font déjà l'objet de recommandations standards comme la structure du fonds ou encore l'information sur la performance passée. En revanche, elles n'encouragent pas l'industrie à fournir des informations sur les risques de liquidité et de l'effet de levier. À titre d'exemple, sur cinq « guidelines » analysées au cours de notre enquête, une seule fait explicitement référence aux problèmes de liquidités. Pour une plus grande transparence sur ce type de produit, il est indispensable que ces recommandations prennent en compte ces différents risques. Cela ne doit pas être interprété comme un appel à plus de régulation. Cependant, une meilleure qualité du reporting ne peut que contribuer à rendre l'industrie plus transparente. Cela éviterait sûrement la fuite des investisseurs en période de crise. nLes investisseurs aimeraient être mieux informés sur les risques de liquidité, opérationnels et financiers, et sur la composition des portefeuilles.
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