La BCE hésite à adopter une politique monétaire moins conventionnelle

La Banque centrale européenne peut-elle faire l'économie d'une politique monétaire « non conventionnelle » ? La Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre et la Banque du Japon ont franchi le pas : elles ne se contentent plus de fixer les taux directeurs mais, en achetant directement telle ou telle catégorie de titres sur le marché, elles influencent désormais les spreads de crédit ou l'ensemble de la courbe des taux. La BCE, elle, hésite. Et pour cause.D'abord, les canaux de transmission de la politique monétaire traditionnelle à l'ensemble de l'économie ne sont pas aussi endommagés en zone euro qu'ailleurs, aux États-Unis en particulier. « Les baisses de taux continuent d'être transmises progressivement par les banques aux entreprises et aux ménages qui contractent un nouvel emprunt », constatent les économistes du Crédit Agricolegricole Hélène Baudchon et Frédérik Ducrozet. Le taux moyen des nouveaux crédits à l'habitat a atteint 4,79 % en janvier, en baisse de près de 70 points de base depuis leur pic, et, à 3,74 %, celui des prêts aux entreprises (d'au moins 1 million d'euros et d'au plus 5 ans), a reculé de 2 points de pourcentage depuis le pic de septembre dernier.Ensuite, des achats de titres destinés à soutenir les prix de marché présentent moins d'intérêt en zone euro où l'intermédiation bancaire conserve un rôle important. « Le crédit bancaire aux entreprises représentait en 2003 plus de 40 % du PIB de l'UEM contre moins de 8 % aux États-Unis », rappellent les économistes du Crédit Agricolegricole. De même, l'encours total d'obligations corporate atteignait alors 7 % du PIB en zone euro contre 26,5 % aux États-Unis.Mais si les prix suivent, les volumes, eux, s'effondrent. Ce fort ralentissement de la demande et de l'offre de crédit inquiète la BCE. « Des interventions directes ne peuvent être exclues en cas de nouvelles détériorations », estiment Hélène Baudchon et Frédérik Ducrozet. Reste à savoir quelle serait l'efficacité de telles interventions. Aujourd'hui, aux États-Unis, en dépit des mesures « non conventionnelles », le crédit continue de ralentir. Et en général, la reprise du crédit suit la reprise économique et non l'inverse. Sophie Rolland
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