Crédit Agricole renforce ses fonds propres

Banqueaprès la bourrasque financière de l'automne dernier, la situation se normalise, même auprès des investisseurs particuliers. Ainsi, Crédit Agricolegricole SA (CA SA) vient d'annoncer l'émission d'obligations perpétuelles pour un montant de 850 millions de dollars (612 millions d'euros). Ces titres seront placés pour l'essentiel via des banques privées en Asie et, dans une moindre mesure, en Europe, auprès de particuliers fortunés qui apprécient le niveau de rémunération (9,75 %) et privilégient le long terme (l'obligation n'a pas d'échéance). Ils ont jusqu'au 26 juin pour se porter acquéreurs. Crédit Agricolegricole est ainsi la première banque française à revenir sur ce marché qui avait été déserté depuis l'effondrement de Lehman, mais il est probable qu'elle ne sera pas la seule. Car les établissements ont régulièrement recours à ce type d'émissions qui leur permettent de renforcer leurs fonds propres. Ainsi, Crédit Agricolegricole procédait, jusqu'à ce que la crise survienne, à deux ou trois émissions par an, d'un montant unitaire de 500 millions à 1 milliard d'euros. Parce que cette dette est perpétuelle, c'est-à-dire sans obligation pour la banque de la rembourser (ce qui n'empêche pas l'existence d'un marché secondaire pour les investisseurs), ces titres sont considérés comme étant d'excellente qualité et peuvent être intégrés dans les fonds propres durs (« tier 1 »). L'opération de CA SA lui permet d'améliorer de 20 points de base (1 point de base = 0,01 %) son ratio de solvabilité qui était de 9,1 % au 31 mars.pas de « step up »Par ailleurs, le fait d'émettre en dollars permet à l'établissement de se couvrir contre l'évolution du taux de change pour la partie de ses encours de crédits qui sont exprimés en devise américaine : avec ce type d'émissions, la part des fonds propres en dollars est exactement ajustée à la part des encours pondérés libellés dans cette monnaie. Si la banque n'est pas obligée de rembourser, elle en a néanmoins la faculté, après autorisation de la Commission bancaire (qui évalue la solidité des fonds propres), au bout de cinq ans. Mais dans le montage choisi par CA SA, elle n'y est pas incitée. En effet, à la différence de nombreuses anciennes émissions d'obligations perpétuelles, celle-ci n'est pas assortie d'un « step up », une clause prévoyant que, au bout de 5 ou 10 ans, la rémunération est accrue, incitant la banque à rembourser avant la mise en ?uvre du « step up ». Ainsi, mardi, la britannique Standard Chartered a émis pour 1,5 milliard de dollars d'obligations perpétuelles, rémunérées à 9,5 %, prévoyant un « step up » de 250 points de base au bout de 10 ans. Cette surrémunération s'est sensiblement accrue par rapport à la période pré-crise. Jusque-là, l'écart était tel qu'il n'incitait pas les banques à rembourser à l'arrivée de la fameuse clause : les investisseurs d'obligations Deutsche Bank en ont fait l'amère expérience en décembre dernier lorsque la banque a préféré payer un léger supplément de rendement plutôt que de rendre l'argent et diminuer le niveau de ses fonds propres.
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