Quand l'argent des émigrés manque, le Mexique trinque

transferts de revenusLe Mexique est le pays qui affiche le plus fort taux d'émigrés au monde, selon BBVA Bancomer. L'étude publiée par la banque mexicaine révèle que les 30 millions de Mexicains (natifs et descendants) vivant aux États-Unis génèrent l'équivalent de la moitié du PIB de leur pays d'origine. Baptisés « remesas », les transferts de fonds des migrants représentent la deuxième source de devises en terre aztèque, après le pétrole. Mais, avec la récession américaine, ces envois se tarissent. De quoi fragiliser une économie déjà éprouvée.7 millions d'illégauxCertes, la crise et la sécurité à la frontière réduisent les mouvements migratoires en direction des États-Unis. Mais avec un flux de 400.000 à 500.000 émigrés légaux et illégaux par an, les 3.000 km qui séparent les deux pays restent le premier corridor d'émigration de la planète, selon l'Institut national des statistiques (INEGI). Près du quart de la population mexicaine vit de l'autre côté du Rio Grande, dont 7 millions d'illégaux. Alors qu'en 2006, le Mexique était le premier récepteur mondial de fonds des émigrés, le pays a reculé à la troisième place, derrière l'Inde et la Chine, avec 25,1 milliards de dollars en 2008, selon la Banque interaméricaine de développement. Cette manne devrait encore fondre cette année de 15 %, prévoit BBVABancomer.En cause : La hausse du chômage des Mexicains aux États-Unis, passé de 3,7 % en mai 2006 à 12,2 % en février dernier. La construction, l'industrie, les services et l'agriculture sont les secteurs les plus touchés. « La crise réduit aussi le nombre d'heures de travail et les salaires. Les émigrés ont donc moins d'argent à envoyer au Mexique », explique Adolfo Albo, économiste en chef chez BBVA Mexico. « Dans les campagnes, cette manne représente entre 30 % et plus de 50 % des revenus des familles », explique Rodolfo Tuiran, économiste spécialisé dans les migrations. Or, l'incapacité du pays à créer des emplois bien rémunérés fait de l'émigration un pilier économique bancal », répond-il. Trop dépendant du marché américain en berne, le PIB mexicain a chuté de 8,2 % au premier trimestre, soit une perte de 81 milliards de dollars en trois mois ! Le gouvernement table désormais sur une réduction de 5,5 % en 2009.Frédéric Saliba, à Mexico
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