« La pollution nuit de plus en plus au développement chinois »

Jean-François Huchet, Responsable du CEFC (*)Pékin et ses provinces sont-ils réellement engagés sur la question environnementale??Pékin souhaite opérer une transition de l'économie vers les services, les industries moins polluantes et plus innovantes. En 2004, les Chinois ont lancé une réflexion sur le PIB vert dont la vocation est d'intégrer les coûts environnementaux dans le calcul de la croissance et de rétablir une évaluation plus réaliste de la création de richesses dans le pays. Mais les enjeux des politiques environnementales ne sont pas les mêmes pour le gouvernement central et les provinces. Ce sont les gouvernements locaux qui sont à la man?uvre pour gérer la croissance de leur province, assurer la prospérité des petites entreprises, créer des emplois, tout en essayant de respecter les règles de plus en plus sévères décidées à Pékin. À cela s'ajoute la réalité du clientélisme et de la corruption, qui perdurent. D'où des attitudes divergentes entre Pékin et les gouvernements locaux. Avec une nuance?: les provinces côtières, plus riches, sont plus en phase avec les projets de Pékin.Comment davantage impliquer les provinces??Depuis environ cinq ans, le gouvernement central essaie d'introduire des critères environnementaux dans son évaluation des gouverneurs de province et des maires, au lieu de la limiter aux seuls critères de la croissance quantitative. Mais ces nouveaux critères ne parviennent pas à s'imposer vraiment face aux critères traditionnels. Un gouverneur de province verra difficilement sa carrière s'accélérer parce qu'il a fait du zèle sur l'aspect qualitatif de la croissance de sa province. Et la crise contribue à reléguer au second rang les préoccupations environnementales et sociales de Pékin. On l'a vu avec la mise entre parenthèses de la récente loi sur le droit du travail. Le gouvernement est plus que jamais soumis à de fortes contraintes?: la création d'emplois pour absorber les migrants intérieurs, la stabilité sociale?La contrainte de l'emploi risque de peser encore longtemps sur Pékin?L'économie chinoise ne pourra pas continuer à croître et à consommer de l'énergie au rythme auquel elle a crû dans les années 1990 et 2000. Ce n'est pas l'intérêt de la Chine, car la pollution nuit de plus en plus à son développement. Un rapport réalisé en partenariat entre la Banque mondiale et la Chine, dont la Chine a essayé de censurer certains résultats trop alarmants, chiffrait entre 5 % et 7 % le coût de la pollution en points de PIB, soit la moitié du taux de croissance du PIB de ces dernières années. Propos recueillis par L. C. (*) Centre d'études français sur la Chine contemporaine.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.