Colony Capital lorgne toujours sur les 14 milliards d'euros que valent les 292 hypermarchés et 595 supermarchés dont Carrefour est propriétaire en France, Italie et Espagne. Vingt mois après son entrée surprise au capital du numéro un européen de la distribution, sa motivation première d'investissement est intacte. Et les actifs de Carrefour aussi ! À son grand regret, le fonds spécialisé dans les casinos et les hôtels n'a pas réussi à valoriser ce que, à l'époque, le rendement de la pierre fait miroiter comme une pépite. Et dont tous ses concurrents, Casino en tête, ont fort bien su tirer parti. « En matière immobilière, Carrefour a toujours été le mauvais élève de la classe », persifle le cadre d'une foncière.Pas d'introduction en Bourse pour la foncière Carrefour, ni de cession partielle : Sébastien Bazin, son directeur général en Europe, s'est heurté à plusieurs murs. En interne d'abord. Dès mars 2007, José-Luis Duran s'oppose fermement à la vente de surface, rappelant aux béotiens du « retail » combien un distributeur alimentaire aux marges réduites doit être maître de ses loyers. Puis, pour avoir les coudées plus franches sur ses sujets fétiches d'expansion et de marketing, il fait mine de se plier aux desiderata de Colony. À l'été 2007, il exhume Carrefour Property, foncière érigée par Daniel Bernard que, dès son arrivée, il s'était empressé d'enterrer. Il y loge 60 % des actifs de Carrefour. Et il promet l'introduction de 20 % en Bourse courant 2008. La suite est connue. La crise réduit à néant les chances boursières de Carrefour Property. José-Luis Duran promet alors un placement privé. La tempête financière de l'été balaye ce dernier projet.dégradationAujourd'hui, la crise immobilière touche de plein fouet l'Espagne, où se concentrent un tiers des actifs de Carrefour Property. Et, en France, les soubresauts de la consommation inquiètent. Ces deux phénomènes dégraderont-ils la valeur des actifs de Carrefour Property ? Tous les experts le craignent. La foncière que dirigent Pascal Duhamel, ancien de Morgan Stanley, et Jérôme Legrelle, ex de LVMH et Rodamco, fait donc figure de pépite aux actifs? invendables en l'état du marché. Lors du Mapic, salon de l'immobilier commercial qui ouvre ses portes ce matin à Cannes, les duettistes devaient lancer officiellement Carrefour Property aux côtés de José-Luis Duran. Le directeur général n'en sera pas. Mais la perplexité s'invitera à la table de Carrefour. J. G.

latribune.fr

01 Déc 2008, 10:16

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