IPhone, régulation ? : la contre-attaque d'Orange

Au lendemain de la décision du Conseil de la concurrence de suspendre l'exclusivité dont bénéficie Orange, la filiale de France Télécom, en tant qu'opérateur et grossiste de l'iPhone d'Apple, son directeur exécutif exprime son incompréhension face aux décisions réglementaires qui le touchent.Comment réagissez-vous à la décision du Conseil de la concurrence de suspendre votre exclusivité sur l'iPhone?? Qu'est-ce qui justifie cette décision grave?? Nous ne voyons pas quel est le dommage pour Bouygues Télécom, ni l'urgence. C'est en réalité une décision de principe assez contestable, une décision de fond qui n'a pas été instruite comme telle. Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de faire appel. Quel impact aura cette décision sur votre activité?? Cette décision n'affecte pas nos chiffres de fin d'année. Mais elle remet en cause notre business plan qui était bâti sur une exclusivité de trois ans prolongée éventuellement de deux ans, et non sur trois mois. Si cette nouvelle règle des exclusivités de trois mois est confirmée, nous ne serons plus en mesure d'investir autant pour déployer de nouveaux terminaux innovants. Nous avons investi une centaine de millions d'euros sur l'iPhone, en plates-formes informatiques, en effort commercial, en formation des vendeurs, etc. C'est une décision structurante qui change vraiment les règles du marché, également pour SFR. A-t-on procédé à une étude d'impact pour le consommateur?? Ce sera aussi désastreux pour les fabricants de téléphones. C'est une décision sans équivalent en Europe, Telefonica a l'exclusivité de l'iPhone au Royaume-Uni et en Espagne, Deutsche Telekom en Allemagne. Ce type de décision peut-elle être prise sans se préoccuper de ce qui se passe dans d'autres pays?? La régulation n'est donc pas assez harmonisée au niveau européen?? Nous souhaitons depuis longtemps une vraie harmonisation européenne. Le paquet télécoms aurait dû régler cette question. Nous sommes en concurrence avec des acteurs français mais surtout de grands acteurs internationaux comme Google, qui est complètement dérégulé, ou Telefonica, qui bénéficie de décisions radicalement opposées de son régulateur en Espagne où nous sommes présents. Pourquoi, par exemple, les conditions de dégroupage sont-elles si différentes en Europe sur des marchés à maturité comparable?? Vous estimez que la régulation française ne fonctionne pas bien?? Nous ne livrons pas bataille contre telle ou telle autorité. Nous souhaitons qu'on apporte une réponse à un problème très français?: le fait que plusieurs autorités administratives indépendantes traitent du même sujet. Comment pouvons-nous bâtir dans une telle instabilité juridique?? Par exemple, sur la fibre optique, le gouvernement et l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) travaillent ensemble sur la façon de créer un marché efficace et concurrentiel. Mais, en même temps, Free a porté plainte auprès du Conseil de la concurrence en juillet 2007 sur ce sujet. Pourquoi cette procédure est-elle toujours ouverte?? Nous risquons, si le Conseil de la concurrence a une analyse de marché différente de celle de l'Arcep, comme cela est arrivé dans l'ADSL, une sanction et une amende qui sont loin d'être théoriques. C'est dans ce climat d'incertitude que nous avons ralenti nos investissements dans le déploiement de la fibre, car nous attendons une clarification du cadre réglementaire et une réelle cohérence des autorités. Contestez-vous le rôle du Conseil de la concurrence dans les télécoms?? Ce n'est absolument pas la question. Le vrai problème est la multiplicité des autorités de régulation et leur articulation. Il faut trouver une solution « à la française ». Ce problème a été traité dans la plupart des pays, soit avec une seule autorité compétente ayant une vraie technicité, responsable devant le Parlement, soit par un système de désistement, comme en Allemagne. Aux États-Unis, la FCC, qui a toute l'autorité sur le secteur, a pu conclure un « deal » avec AT&T et Verizon?: la stabilité réglementaire en échange d'engagements d'investissements. Nous ne demandons pas de « vacance réglementaire », mais qu'on fixe des règles stables. ninterview de jean-yves larrouturou, directeur exécutif de France télécomLe vrai problème est la multiplicité des autorités de régulation et leur articulation. Il faut trouver une solution « à la française ».
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