Défaut en vue pour l'Ukraine

Les investisseurs s'attendent à ce que l'Ukraine fasse défaut sur ses dettes d'État et d'entreprises (105 milliards de dollars au total). Les CDS ukrainiens (credit default swaps) s'échangent désormais au niveau record de 3.300 points de base et certains opérateurs exigent un règlement à l'avance pour se protéger de faillites sur le marché CDS à cinq ans. Entièrement tributaire du marché ukrainien, la banque d'investissement Dragon Capital ne veut pas croire au pire. « L'État a moins de 2 milliards de dollars à verser sur les euro-obligations souveraines en 2009, donc je ne pense pas que cela posera un problème majeur », défend Andrey Bespyatov, directeur de recherche. « Par contre, sur le total de 105 milliards, il y a des dettes d'entreprises publiques garanties par l'État. Si ces sociétés connaissent des problèmes, le risque passera de ?bas? à ?modéré? ». Selon l'analyste, le hiatus de 25 % entre le rendement des euro-obligations et les bons du Trésor résulte d'une « hypersensibilité causée par un flot constant de mauvaises nouvelles venant d'Ukraine ». Depuis l'été dernier, la situation économique s'est en effet passablement dégradée dans le pays en raison de la très forte exposition du pays à la conjoncture mondiale. La grivnia a subi une dévaluation de 40 % par rapport au dollar en dépit du prêt d'urgence de 16,5 milliards de dollars du FMI, dont la 1re tranche a déjà été versée.question du gazL'affrontement brutal entre le président et son Premier ministre a paralysé l'exécutif tandis que le Parlement ukrainien a voté un budget foulant aux pieds les recommandations du FMI. Pour couronner le tout, Moscou vient de doubler le tarif de son gaz à Kiev au terme d'une coupure qui menaçait de mort la métallurgie ukrainienne, dont les exportations se sont déjà écroulées à cause de la crise. « La question du gaz joue un rôle, mais il y a d'autres facteurs », estime Andrey Bespyatov. « On devrait voir une amélioration pour les CDS, mais le marché obligataire devrait surtout réagir positivement au versement d'une nouvelle tranche du FMI, au redressement des exportations, à une meilleure prévisibilité du taux de change et à la stabilité politique. » Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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