Les banquiers se plient aux exigences de l'Élysée

J'ai deux ou trois choses à leur dire », avait prévenu hier matin le président de la République en évoquant sa rencontre avec les banquiers le soir à 18 heures. En arrivant dans la cour de l'Élysée, ces derniers savaient déjà ce qui les attendait, tant le débat avait pris de l'ampleur ces derniers jours?: limitation des dividendes distribués aux actionnaires et suppression des bonus versés aux dirigeants, qui venaient s'ajouter à l'engagement déjà pris par les banques en octobre dernier de continuer à alimenter la machine économique par la distribution de crédits. Pour finir la réunion s'est, dit-on, déroulée dans un climat apaisé. Les banquiers présents ont tous obtempéré. En échange, ils peuvent à partir de ce jour prétendre à leur part de la seconde tranche de 10,5 milliards d'euros d'aide de l'État mise officiellement par Bercy à leur disposition ce matin.Faisant écho aux propos du président, hier matin à l'Assemblée, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, avait expliqué que l'aide de l'État aux banques était conditionnée au fait de « limiter les dividendes versés aux actionnaires » et « s'interdire de verser des bonus aux dirigeants ». Profondément blessés la semaine dernière par la formule choc de la ministre évoquant « l'échec » des établissements à l'égard de la distribution de crédit, les banquiers ont reçu hier une nouvelle leçon de la part de la locataire de Bercy?: « C'est très clair. Ce n'est pas de l'intention, c'est de l'action. Pas de dividendes. »davantage de souplesseLes messages diffusés depuis une semaine, depuis que Nicolas Sarkozy en déplacement à Vesoul a imposé de nouvelles conditions à l'octroi de l'aide d'État, ont porté. Les banquiers ne sont pas venus les mains vides hier soir à l'Élysée. Alors qu'en fin de semaine dernière, les dirigeants de BNP Paribas avaient annoncé officieusement qu'ils renonçaient à leur bonus en 2008, le Crédit Agricole et la Société Générale se sont, eux aussi, mis en conformité avec les v?ux du chef de l'État avant de l'entendre exiger en personne. La banque de la Défense a indiqué que son conseil d'administration, réuni hier, « a accepté la proposition de Daniel Bouton, président, et Frédéric Oudéa, directeur général, de renoncer sans considération des performances de Société Générale ou de sa situation de fonds propres, à la part variable de leurs rémunérations pour l'année 2008 ».Le diktat du président de la République, s'il n'a rien de spécifique à la France (les banques britanniques, américaines et allemandes sont dans des situations similaires), a pris les banques de court, les conditions d'octroi de l'aide ayant évolué depuis la première tranche d'aide. La deuxième tranche, dont il a été discuté hier offre davantage de souplesse (un choix entre des titres super-subordonnés et des actions de préférence), exige en effet des banques un effort supplémentaire. Guénaëlle Le Solleu Le diktat du président de la République a pris les banques de court.
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