Les banques n'ont plus de prix

chronique sur le vifLe métier de banquier vaut-il encore quelque chose ? À voir les cours de Bourse des grandes banques européennes, on ne sait au juste si, perdant leurs repères, les marchés ont préféré parier sur le pire des scénarios, ou s'ils ont, au contraire, parfaitement intégré et mesuré l'ampleur des risques qui pèsent sur les grands établissements financiers. En d'autres termes, BNP Paribas, le champion français de la banque universelle, et la Société Générale, l'orfèvre de l'innovation financière, peuvent-elles valoir l'une et l'autre la moitié de leurs fonds propres, soit la moitié de leur valeur moyenne sur trente ans ? Et ce, alors que les recapitalisations qu'elles ont déjà menées ? même si la BNP rechigne encore à se présenter au marché ! ? dépassent d'un bon tiers leurs pertes ou dépréciations liées à la crise. En clair, à première vue, leur solvabilité sortirait plutôt renforcée de ces levées de capitaux. Seulement, la succession des événements qui ont marqué le quatrième trimestre 2008 a changé radicalement leur donne. La chute de 20 % pendant ces trois mois, des Bourses européennes, devrait avoir un effet décapant sur leur bilan, même si certaines seront tentées de reclasser leurs actifs de trading pour ne pas avoir à appliquer la norme comptable de la valeur de marché, comme l'exigent les normes comptables IFRS. Puis viendront l'augmentation des risques de crédit, en particulier dans les sociétés sous LBO montées dans les années 2006-2007 et dans nombre d'entreprises, la contraction des métiers de la banque d'investissement et une réduction des marges dans la gestion d'actifs. Sans oublier les produits toxiques qui n'ont pas tous été purgés. In fine, les banques françaises apparaissent d'ores et déjà sous-capitalisées. Sorties progressivement d'une crise de liquidité, elles s'enfoncent dans une crise de solvabilité. Pour les marchés, BNP Paribas ne fera pas l'économie d'une grosse augmentation de capital ? les analystes de SG tablent sur 8 milliards, avec une décote d'au moins 30 % ? dans des marchés en repli. Voilà pourquoi aujourd'hui il n'est plus possible de valoriser une banque sur la base de ses fonds propres. nLes fonds propres des banques sont-ils toujours l'assurance de leur valeur ? Avec la montée des risques,les banques apparaissent toujours sous-capitalisÉes.ValérieSegond estgrandreporter à « La Tribune ».
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