Les précautions oratoires d'Axa ont fait « pschitt ». Le premier assureur français, qui a dévoilé jeudi matin un bénéfice divisé par six, a subi les foudres de la Bourse, s'effondrant de 18,5 % hier, à 8,28 euros, après avoir cédé 9,1 % la veille. Le président du directoire, Henri de Castries, avait pourtant pris soin de relativiser ces mauvais résultats, attribués au krach boursier et aux normes comptables, et d'assurer que malgré la baisse du ratio de solvabilité à 127 %, aucune augmentation de capital n'était à l'ordre du jour. Un ton rassurant qui n'a pas convaincu Standard and Poor's, qui a placé dès jeudi soir les notes de l'assureur sous perspective négative, et les investisseurs encore moins.investisseurs nerveuxAxa a en effet annoncé son intention de demander à son conseil d'administration l'autorisation d'émettre, « le cas échéant », deux milliards d'euros d'actions de préférence. Des instruments hybrides « moins dilutifs qu'une augmentation de capital », selon Axa, et remboursables au pair au bout de cinq ans. Mais les investisseurs, très nerveux alors que la Bourse continue de sombrer, ont tôt fait d'interpréter cette précaution comme le signe d'une faiblesse, présente ou à venir. D'autant que les mauvais résultats des autres assureurs leur font craindre que tout le secteur ne subisse à son tour la loi de la crise.Autre point noir : la valeur intrinsèque d'Axa. L'assureur l'estime à 31,1 milliards d'euros, en baisse de 39 % sur un an. Mais au cours d'une conférence téléphonique « animée », selon l'un deux, les analystes ont découvert que, sans un retraitement comptable décidé par Axa, cette valeur intrinsèque ne dépassait pas 18,6 milliards, soit une chute de 47 %. En clair, l'assureur, qui cotait encore 11,17 euros au moment de l'annonce de ses résultats, ne « vaudrait » plus qu'environ 9 euros par action.BENJAMIN JULLIEN

latribune.fr

05 Mars 2009, 1:33

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