Des meurtres par centaines

La psychose gagne du terrain au Mexique. Le week-end dernier, 43 exécutions ont été recensées aux quatre coins du pays. Mardi, une fusillade de trois heures à Reynosa, ville frontière avec les États-Unis, faisait 5 morts. Avec 5.300 victimes en 2008 et 925 depuis le début de l'année, la lutte du gouvernement mexicain contre les cartels de la drogue met le feu aux poudres. Malgré 36.000 militaires déployés sur le territoire, chaque jour compte son lot de crimes, de corps décapités, de fusillades en pleine rue. « Ces meurtres sont ciblés mais la montée des extorsions et des enlèvements effraie les investisseurs », pointe Ernesto Lopez Portillo. Le directeur de l'Institut pour la sécurité et la démocratie évalue les coûts directs et indirects de l'insécurité à 15 % du PIB. Résultat : 15 milliards de dollars d'investissements directs étrangers prévus en 2009, contre 18 milliards en 2008, selon le gouvernement. La psychose gagneMême frilosité du côté des patrons mexicains, dont six ont été assassinés depuis décembre. La peur aurait fait partir de la capitale 12.000 entrepreneurs en deux ans, d'après l'organisation patronale, Coparmex. Le tourisme n'est pas épargné avec une fréquentation hôtelière en chute de 10 %. Au point que le 11 février, le président de la Chambre des députés, César Duarte, a proposé d'envisager l'état d'exception face à l'échec du gouvernement à rétablir l'ordre. Pour rassurer les investisseurs, le président Felipe Calderon répète que le « Mexique n'est pas le Pakistan ». Après avoir augmenté de 69 % le budget 2009 de la sécurité publique, il se félicite de l'aide militaire (1,4 milliard de dollars) octroyée à son pays par le Congrès américain. Selon lui, la reprise économique débutera dès l'été prochain.L'ONU et le FMI ne partagent pas son optimisme : leurs estimations respectives tablent sur une croissance mexicaine de 0,7 % et 0,3 % en 2009, contre 2 % en 2008. De quoi faire du pays la lanterne rouge d'Amérique latine.Frédéric Saliba, à Mexicoaf
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