Le dollar cherche une bonne raison de s'affermir

Jackson Hole, dans le Wyoming, pourrait bien retenir quelques heures l'attention des marchés. Alors que chacun s'interroge sur le réveil de l'économie mondiale et sur les stratégies de sortie de crise, la Réserve fédérale de Kansas City tient son grand raout annuel. Le président de la Fed, Ben Bernanke, doit exprimer « ses réflexions sur un an de crise ». Cet événement, qui réunit bon nombre de banquiers centraux, de ministres des Finances et d'universitaires, avait été fort remarqué l'an passé. Ben Bernanke n'avait alors pas mâché ses mots, évoquant « l'un des environnements économiques et de politique monétaire les plus difficiles jamais vu ». « Même si le fonctionnement de certains marchés s'est un peu amélioré, la tempête financière n'a pas encore diminué et ses effets sur l'ensemble de l'économie deviennent apparents sous la forme d'un ralentissement de l'activité économique et une hausse du chômage », avait-il alors déclaré. Il avait aussi milité pour un renforcement de la supervision du système bancaire.Un an plus tard, la Fed commence seulement à parler d'une économie qui « se stabilise » tout en soulignant les contraintes qui pèsent encore sur les dépenses des ménages américains, dont les pertes continues d'emplois.Le dollar reste pour l'heure guidé par l'évolution des marchés d'actions et l'appétit pour le risque. Ainsi est-il parvenu à se hisser jusqu'à 1,4080 pour 1 euro lundi tandis que Wall Street et l'Europe boursière pliaient. Hier, il s'échangeait de nouveau autour de 1,4230 sur fond de remontée des indices. Il faut dire que les indicateurs soufflent encore le chaud et le froid : si les demandes hebdomadaires d'allocation de chômage se sont révélées plus nombreuses que prévu hier, l'indice mesurant l'activité industrielle autour de Philadelphie est repassé en territoire positif, à son plus haut niveau depuis novembre 2007. Si la valeur du dollar s'est érodée de 11,9 % face à l'euro depuis début mars, le retour à une tendance positive dictée par les perspectives de hausse de taux semble devoir attendre un peu que s'accumulent les bonnes nouvelles économiques.Certains craignent les effets d'un discours dissonant des banquiers centraux, qui tranche avec le front uni affiché en octobre 2008. Si la Fed a maintenu inchangé, il y a quelques jours, le montant de ses rachats de titres du Trésor, la Banque d'Angleterre a opté pour une enveloppe supplémentaire de 50 milliards de livres. Trois de ses membres, dont le gouverneur Mervyn King, étaient même partisans d'aller plus loin. Mohamed El-Erian, directeur de Pimco, y voit le risque d'une volatilité accrue des marchés, d'une chute du dollar et d'un ralentissement de la reprise mondiale.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.