En 2009, Bercy laissera filer les déficits au-delà des 3 % du PIB

Le marathon de la discussion budgétaire s'est ouvert sur un mini-coup de théâtre. Christine Lagarde a estimé comme " très probable " que la croissance n'atteigne pas 1 % l'an prochain. Cette hypothèse, la plus basse depuis vingt-quatre ans, a souligné la ministre de l'Économie, était pourtant celle qui figurait dans le projet de loi de finances pour 2009 présenté fin septembre.Christine Lagarde justifie ce changement de pied par la " situation qui est elle-même exceptionnelle ", en référence à la crise financière qui secoue la planète depuis plusieurs semaines. Cette révision pourrait intervenir entre la mi- et la fin novembre, après la mise à la disposition du gouvernement français par l'Insee des chiffres de la croissance du troisième trimestre 2008 et des prévisions d'automne de la Commission européenne. En cas de révision de la prévision de croissance, " le déficit sera plus élevé ", a affirmé sans fard Éric Woerth. Dans " des circonstances exceptionnelles, la politique budgétaire doit aussi à titre exceptionnel observer une certaine souplesse ", dit le ministre du Budget.De quelle ampleur pourrait être le dérapage ? À ce jour, il est difficile de mesurer le risque pesant sur les recettes, d'autant que le principal aléa est à chercher du côté de l'impôt sur les sociétés (IS). Les bénéfices des établissements financiers (un quart des recettes de l'IS l'an dernier) suscitent une inquiétude particulière. Gilles Carrez, rapporteur général (UMP) du budget, se risque à une estimation. " Au doigt mouillé, le risque de moins-value sur les recettes porte sur 5 à 7 milliards d'euros par rapport aux prévisions. Dans ce scénario, on dépasserait les 3 % de déficit public l'an prochain. "NI COUPES DANS LES DEPENSES NI RELEVEMENTS DE TAXESLe gouvernement n'a en effet pas l'intention de compenser le manque à gagner éventuel du côté des recettes " ni par des coupes dans les dépenses ni par des relèvements de taxes ", a insisté hier Éric Woerth.Malgré la probabilité d'une révision de la croissance, Éric Woerth a souligné l'importance d'examiner le budget tel qu'il a été arrêté parce que " ce budget n'est pas soluble dans la crise et qu'un budget, c'est avant tout une autorisation de dépenses ". Sur ce point précis, Éric Woerth a réaffirmé la nécessité de réduire le poids de la dépense dans le PIB. Si sur les dix dernières années la France avait limité la croissance de la dépense publique à 1 % - ce serait le cas en 2008 -, alors le budget de l'État serait à l'équilibre, affirme le ministre. Et le gouvernement en meilleure posture face à la crise. CQFD...
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