Sept mesures pour éviter la dépression mondiale

Le système financier des pays riches risque l'effondrement. Les Bourses chutent presque tous les jours, et les marchés monétaires et du crédit se contractent avec la flambée des écarts de taux. Il est encore trop tôt pour dire si les mesures adoptées par les États-Unis et l'Europe endigueront l'hémorragie. Pour la première fois depuis soixante-dix ans, on a craint une ruée générale sur le système bancaire.Du côté de l'économie réelle, les économies avancées (55 % du PIB mondial), entrées en récession avant même les premiers chocs financiers de l'été dernier, subissent maintenant une crise financière sévère et une grave crise bancaire. Les difficultés des marchés émergents sont apparues avec les retraits des investisseurs étrangers. Même les plus dynamiques ­ - Brésil, Russie, Inde et Chine - risquent aujourd'hui de chuter. Cette crise a été provoquée par la plus importante bulle du crédit et des actifs de l'histoire. Cette dernière ne s'est pas limitée au seul marché immobilier américain. En effet, des emprunts excessifs ont été contractés par des institutions financières, certains investisseurs privés et publics dans de nombreux pays.On a donc assisté à l'explosion simultanée de plusieurs bulles : immobilière, hypothécaire, de capitaux, de titrisation, du crédit, des matières premières, du private equity et des fonds spéculatifs. L'illusion que la récession aux États-Unis et dans les autres pays avancés serait brève, de l'ordre de six mois - forme en V - a cédé la place à la certitude qu'elle durera - forme en U - au moins deux ans aux États-Unis et dans le reste du monde. Avec le risque accru d'un effondrement financier systémique mondial, la perspective d'une récession d'une décennie - forme en L - ne peut être exclue. Jusqu'à l'annonce récente des mesures des États-Unis et de l'UE, il n'y avait eu aucune amélioration.Quand AIG a été renflouée à hauteur de 85 milliards de dollars, le marché a chuté de 5 %. Quand le plan américain de sauvetage de 700 milliards de dollars a été approuvé, les marchés ont perdu 7 % en deux jours. Malgré des décisions politiques de plus en plus radicales prises par les autorités, les marchés boursiers, des crédits et monétaires n'ont cessé de baisser. La possibilité d'une faillite systémique et d'une dépression mondiale n'est donc pas à écarter. Pour éviter un tel désastre, un grand changement de politique économique et une action radicale et coordonnée de toutes les économies avancées et des marchés émergents est nécessaire.Les initiatives à prendre.Cela signifie : 1) une réduction rapide des taux d'intérêt d'au moins 150 points de base en moyenne, mondialement ; 2) une garantie globalisée temporaire de tous les dépôts, pendant qu'on distingue les institutions financières en faillite qui doivent être fermées de celles en danger mais encore solvables qui doivent être partiellement nationalisées et recevoir des apports de capitaux publics ; 3) une réduction rapide de la dette des ménages insolvables, précédée par un gel temporaire des saisies ; 4) une provision massive et illimitée de liquidités aux institutions financières solvables ; 5) une provision de crédits publics dans certains secteurs du privé afin d'éviter une crise de refinancement des dettes à court terme pour les entreprises solvables manquant de liquidités et pour les PME ; 6) une incitation fiscale gouvernementale directe et massive qui inclut des travaux publics, des dépenses d'infrastructure, des allocations chômage, des réductions d'impôts pour les ménages les plus modestes et des prêts aux gouvernements locaux à court de liquidités ; 7) un accord entre pays créditeurs aux balances excédentaires et pays débiteurs aux balances déficitaires visant à maintenir un financement méthodique des déficits et un recyclage des excédents des créditeurs pour éviter un réajustement déréglé de tels déséquilibres.Faute de mettre en oeuvre ces actions radicales et coordonnées, nous risquons un krach du marché, un effondrement financier mondial et une dépression mondiale. Les mesures adoptées par les États-Unis et l'Europe sont un début. Il faut terminer le travail.
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