Troisième électrochoc sur les taux suisses

La Banque Nationale Suisse n'a pas fini de nous surprendre. Alors que la réunion de son conseil trimestriel ne se déroulera que le 11 décembre, elle a pris les devants hier en administrant une thérapie de choc à une économie défaillante : elle a abaissé, à la surprise générale, la marge de fluctuation de son taux de référence, le Libor 3 mois, de 100 points de base, la plus forte baisse jamais consentie par la banque centrale helvétique. La BNS a ainsi réduit à 0,5 % - 1,5 % la fourchette du Libor 3 mois, alors qu'elle avait déjà procédé à une détente d'un demi-point de son taux directeur le 8 octobre, lors de l'opération concertée de six grandes banques centrales, et qu'elle avait récidivé, avec une réduction du même montant, le 6 novembre, dans l'ombre de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre.Trois baisses des taux de cette ampleur en moins de deux mois ne pouvaient pas laisser le franc suisse indemne. Alors qu'il avait repris du poil de la bête sous l'effet du débouclage des opérations à effet de levier, le franc ? qui, comme le yen, avait été l'un des deux vecteurs des stratégies de « carry trade », consistant à profiter des écarts de rendements entre les monnaies mondiales ? s'est immédiatement affaissé. reflux des exportationsLe « swissie », comme le surnomment les Anglo-Saxons, a chuté à son plus bas niveau depuis six ans face à l'actuelle vedette du marché des changes qu'est le yen et à son plus faible cours face au dollar depuis août 2007. Tout au plus a-t-il résisté vis-à-vis de l'euro lui-même en repli généralisé. Le recul du franc suisse, pour une fois, ne contrariera pas les responsables de la Confédération, dont les performances extérieures s'effondrent, avec un premier reflux des exportations depuis six mois. Bien qu'elle enregistre toujours un excédent commercial confortable, en hausse de 32 % à 1,8 milliard de francs suisses (1,2 milliard d'euros) en octobre, la Suisse n'échappera pas à la récession au troisième trimestre et devrait stagner en 2009, avec une croissance de 0,1 %, selon les prévisions.La BNS a, malgré elle, décuplé les anticipations sur les taux de la BCE qui se réunit le 4 décembre. Isabelle Croizard
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