L'opposition se choisit un candidat peu fédérateur un cheval de retour

Au Japon, on ne change pas une équipe qui perd. Le Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale formation d'opposition, a élu samedi dernier à sa tête Yukio Hatoyama en remplacement d'Ichiro Ozawa. Ce dernier, mis en cause dans une opportune affaire de financement de parti politique, avait choisi il y a quelques jours de tirer sa révérence pour ne pas gêner son parti à quelques semaines des prochaines élections législatives, qui doivent avoir lieu d'ici à octobre. De fait, de récentes élections partielles s'étaient soldées par des défaites du PDJ, semblant indiquer que les électeurs souhaitaient le départ d'Ichiro Ozawa.Dire que Yukio Hatoyama ne suscite pas l'enthousiasme des foules est un euphémisme. « Je l'ai suivi dans deux meetings et l'ai vu tenir successivement deux positions totalement opposées », s'amuse un diplomate européen. Sa première décision a été de nommer le « disgraci頻 Ichiro Ozawa chef stratégique du PDJ, donnant au PLD les verges pour se faire fouetter et traiter d'homme de paille. Dépourvu du moindre charisme, l'air de dormir debout en permanence, a toujours mené ses troupes à la défaite, ne parvenant jamais à renverser un Parti libéral démocrate (PLD) pourtant usé par 55 ans de règne quasi ininterrompu (Yukio Hatoyama vient lui-même du PLD). Rééditera-t-il l'exploit cette année ? Les premiers sondages publiés après son élection lui sont plutôt favorables. Usé jusqu'à la corde, le Premier ministre, Taro Aso, est un repoussoir qui attire les électeurs vers le PDJ, eût-il le profil peu amène de Yukio Hatoyama. « Pour le PDJ, il s'agit de faire une campagne anti-PLD plutôt que pro-PDJ », explique le politologue Takao Toshikawa. En ces heures où les affiches se multiplient sur les murs de Tokyo, préparant l'opinion au scrutin législatif de l'automne, les députés PLD eux-mêmes font tout pour ne pas être associés à l'action de leur Premier ministre.peu convaincantIl risque de sortir des élections législatives une chambre ingouvernable, où aucun camp n'aurait de majorité claire. « Peu importe puisque les bureaucrates prennent les décisions, et que les députés, dépourvus de moyens, sont incapables de les diriger », raille un lobbyiste japonais. Aussi inarticulé que le PLD, agrégat d'intérêts particuliers soudés par leur seule ambition, le PDJ n'a pas encore convaincu les électeurs qu'il est capable de gouverner le pays. Régis Arnaud, à Tokyo
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