Semaine test pour le marché obligataire américain

Une semaine test s'ouvre pour le marché obligataire, qui vivra à l'heure de la réunion de la Réserve fédérale mercredi et de l'adjudication record du Trésor américain. Ce sont rien de moins que 104 milliards de dollars de titres de la dette publique qui seront émis, dont 40 milliards de notes à deux ans mardi, 37 milliards à cinq ans mercredi et 27 à sept ans jeudi. C'est le montant le plus élevé jamais mis sur le marché depuis que le gouvernement a adopté ce cocktail de maturités en février pour assurer ses pantagruéliques besoins de financement. Or, la période actuelle n'est propice ni pour le Trésor ni pour la Fed.Pour le Trésor d'abord. Selon les calculs de Merrill Lynch, la tension des rendements à long terme intervenue essentiellement depuis mars est responsable d'un manque à gagner de 4,6 % pour les détenteurs d'emprunts d'État. C'est la pire contre-performance trimestrielle depuis 1980, conséquence de la remontée des taux longs. Ils sont passés en trois mois de 0,80 % à un point haut récent de 1,40 % pour les échéances à deux ans, de 1,65 % à 2,85 % pour celles à cinq ans, de 2,15 % à 3,58 % à sept ans et de 2,65 % à 4 % le 10 juin pour l'emprunt phare à dix ans, qui avait touché un plancher absolu à 2,05 % à la mi-décembre, même si la tension est un peu retombée depuis. Tout cela n'est autre que l'effet de gavage d'un programme d'emprunt qui pourrait atteindre 3.250 milliards de dollars au cours de l'exercice fiscal qui s'achève le 30 septembre, contre 892 milliards un an plus tôt.Du côté de la Fed, s'il n'y a rien à attendre sur les taux, qui devraient être maintenus dans la fourchette historiquement basse de 0 % à 0,25 % adoptée le 16 décembre dernier, ou sur les mesures d'assouplissement quantitatif, qui devraient être maintenues en l'état, c'est vers la communication du conseil des gouverneurs que se tournent les attentes. La mésaventure de 1994Les « sages » de la banque centrale ont un sujet de préoccupation analogue à celui du Trésor. Même s'ils sont prêts à tolérer une hausse modérée des taux à long terme, qu'ils ont tenté de prévenir en lançant leur programme d'achats de 300 milliards de dollars de bons du Trésor, car c'est la rançon de l'enracinement des « jeunes pousses » de la reprise, ils n'en redoutent pas moins qu'une tension excessive étouffe le redémarrage économique balbutiant. Des débordements qui pourraient provenir d'anticipations prématurées de sortie de la politique de taux zéro de la Fed. C'est la mésaventure qui était arrivée à Alan Greenspan, le prédécesseur de Ben Bernanke, en 1994. En mettant fin à la politique monétaire extrêmement accommodante de l'époque, alors que les marchés n'y étaient pas préparés, le désormais très controversé président de la Fed avait provoqué un krach obligataire sans précédent, qui avait mis l'économie américaine sens dessus dessous. rendez-vous mercrediPour éviter pareil déboire, la Fed a une option : utiliser le communiqué final de sa réunion de mercredi pour faire passer un message. La difficulté sera de repousser les anticipations de prochain durcissement monétaire sans pour autant s'interdire de sortir des taux zéro au moment opportun? nUne tension excessive des taux longs pourrait étouffer un redémarrage économique balbutiant.
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