L'ancien bloc de l'Est pris au piège de la crise

Europe centraleDévaluera ? Dévaluera pas ? La perspective que le lat, la monnaie lettone, sorte du corset qui le lie à l'euro a été provisoirement écartée, grâce à l'octroi la semaine passée d'un prêt par le FMI et l'Union européenne en échange d'un plan de rigueur. Mais le décrochage de la devise reste une hypothèse probable, et hante les pensées du gouvernement letton, qui cherche à redonner du dynamisme à l'activité économique, celles des ménages et des entreprises, qui ont emprunté en euros alors que leurs revenus sont en lats, et enfin, celles des banquiers suédois, qui ont consenti les prêts en question.Les économistes, eux, sont divisés. « C'est une mauvaise idée, tranche ainsi Robert Bergqvist, chef économiste à la banque SEB, à Stockholm. Il existe un risque d'effet domino sur les deux autres pays baltes, l'Estonie et la Lituanie. De plus, une dévaluation qui ne serait pas accompagnée d'une vraie politique industrielle n'aurait pas de sens. » À l'opposé, Juan Carlos Rodado, économiste chez Natixis à Paris, envisage d'un bon ?il le recours à la dévaluation. Mais à la même condition : « Il faut d'abord concevoir une politique industrielle, et ensuite dévaluer. » Reste que, pour l'heure, les autorités lettones, en prise à la colère de la population, n'ont guère le loisir de réfléchir à un nouveau modèle de croissance. Lequel devrait être fondé sur une demande interne solide et non pas gonflé comme auparavant par des taux d'intérêt bas « importés » de la zone euro, et sur des exportations plus diversifiées et plus haut de gamme. Les trois pays baltes ont vu leur activité fauchée par la crise financière et économique mondiale. Selon les prévisions de Natixis, le recul de la croissance devrait atteindre cette année 18 % en Lettonie ? la Banque mondiale pronostique un repli limité à 13 % ?, 15,6 % en Estonie et 13,6 % en Lituanie. La récession devrait être plus modérée en Europe orientale et centrale (? 4 %). Plus touchée, la Hongrie devrait afficher une contraction de 7,2 %, selon Natixis.Le chômage exploseLa Hongrie, la Lettonie et la Roumanie ont d'ailleurs dû demander de l'aide : Budapest a obtenu un prêt total de 25,1 milliards de dollars de la part du Fonds monétaire international et de l'Union européenne, et serait sur le point de réclamer une extension d'un même montant, Riga a perçu 7,5 milliards et Bucarest 17 milliards de dollars de l'institution de Washington. Mais l'argent ne suffit pas. Le chômage explose ? il devrait franchir le cap des 20 % en Lettonie et des 10 % en Hongrie ?, alors que ces deux États doivent quand même faire preuve de discipline budgétaire, ne serait-ce que pour satisfaire aux conditions d'octroi de prêts du FMI.Hausse de certains impôts et réduction de salaires pour les fonctionnaires sont aujourd'hui la norme. De quoi rendre les gouvernements impopulaires, mais aussi retarder la reprise, faute de demande interne. Dans ces conditions, certains réfléchissent à des solutions plus expéditives, telle la dévaluation? En régime de change flottant, la Hongrie voit plutôt son salut dans? une reprise mondiale : « Dès que l'Allemagne ira mieux, nous irons mieux », assure Tamas Molontay, à la tête de la filiale de Calyon à Budapest. En attendant, les dirigeants des pays de l'Europe centrale vivent avec un certain désarroi le décrochage de leurs économies : vendredi, ils ont appelé à l'unité pour lutter contre les effets de la crise. Le financier George Soros a devancé l'appel, en faisant un chèque de 100 millions de dollars pour ces économies malades. n
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