L'Europe se dispute sur la relance économique

Nicolas Sarkozy en est persuadé. Ce que l'Europe a réussi face à la crise financière, elle le peut aussi pour sortir l'économie réelle de sa mauvaise passe actuelle. Le président en exercice du Conseil européen a martelé cette conviction face à ses homologues, la semaine dernière à Bruxelles. Hier, devant les eurodéputés réunis à Strasbourg, Nicolas Sarkozy est revenu à la charge. " La réponse européenne sur la crise financière peut fonctionner pour la crise économique ", s'est-il exclamé.Au-delà du discours, que pourrait être une action européenne en faveur de la croissance ? Le chef de l'État avait indiqué à Bruxelles que la présidence française de l'Union européenne prendrait des initiatives avant la fin de l'année. Il n'a rien dévoilé, observant tout juste qu'il avait " des idées ", mais que ce n'était ni le lieu ni le moment de " les mettre sur la table ". Souhaite-t-il une relance coordonnée de l'économie européenne ? En tout cas, interrogé sur cette question lundi, lors de l'annonce du déblocage de 5 milliards d'euros en faveur des collectivités locales, le Premier ministre François Fillon a répondu que c'était à la Commission de Bruxelles de répondre. " Il faudra travailler d'abord au plan européen. Nous attendons des propositions de la Commission. Toute mesure devra prendre une dimension européenne ", a déclaré le chef du gouvernement.SOUTIEN A LA CROISSANCE ET A L'EMPLOIEntendant ces propos, on s'est étranglé à Bruxelles. Car le mandat donné par le dernier Conseil européen à la Commission concerne " la compétitivité internationale de l'industrie européenne ". Pour le reste, notamment pour" contribuer au retour de la croissance et à l'amélioration de l'emploi ", le Conseil européen a renvoyé, comme il le fait systématiquement depuis l'avènement de l'union économique et monétaire, à " la poursuite des réformes structurelles ".Du reste, qu'est-ce qu'on entend par relance ? À Bercy, la baisse coordonnée des taux d'intérêt des banques centrales est considérée par exemple comme un outil de relance selon l'entourage de Christiane Lagarde. Les 5 milliards pour les collectivités locales ou encore l'augmentation de 3 à 4 % des crédits bancaires à l'économie également. Le fait même de laisser jouer les stabilisateurs automatiques dans le jargon des économistes, c'est-à-dire de ne pas compenser par de nouveaux impôts la baisse des recettes publiques en raison de l'essoufflement de l'activité économique, constitue en soi une politique de relance, soutient-on à Bercy.Mais on est loin du concept de relance budgétaire comme celle envisagée aux États-Unis après les 168 milliards de dollars déjà mis en place au printemps. Ni même comme en Espagne ou en Grande-Bretagne qui ont activé le levier budgétaire pour soutenir leur économie. En Allemagne, en revanche, le gouvernement envisage des mesures ponctuelles et ciblées mais pas de plan global d'aide à l'économie.D'ailleurs François Fillon lui-même rejetait toute idée de relance il y a à peine un mois. " Le temps est à la réforme, non à la relance ! ", s'était écrié le Premier ministre français juste avant la réunion informelle des ministres européens des Finances à Nice. Il insistait sur la poursuite des réformes structurelles, comme l'a exactement fait le dernier sommet européen à Bruxelles.Quant au gouvernement économique que Nicolas Sarkozy a de nouveau appelé de ses voeux hier au Parlement européen, le retour à l'envoyeur est immédiat. Le président de la Commission de Bruxelles, José Manuel Barroso, a rétorqué qu'il " ne faut pas créer l'illusion très dangereuse que [l'idée] serait de donner des instructions à la banque centrale ".
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