Le Pakistan de plus en plus près du défaut de paiement

Au moins 10 milliards de dollars. C'est le montant approximatif dont Islamabad a un besoin urgent pour honorer ses dettes auprès de ses prêteurs internationaux et espérer desserrer l'étau financier jusqu'à 2010. Le Fonds monétaire international (FMI), qui a rencontré des responsables pakistanais hier à Dubaï pour élaborer un plan de secours, est en alerte car les caisses du Pakistan se vident.Les investisseurs internationaux se détournent de ce pays politiquement instable, et la menace d'une crise de la balance des paiements plane. Pour Asif Ali Zardari, élu président le mois dernier et confronté à un durcissement de l'extrémisme religieux, la tâche s'annonce difficile. Selon le FMI, le déficit courant qui se profile à l'horizon de juin 2009 se chiffre à près de 5 milliards de dollars et sera du même montant l'année suivante. Le creusement du déficit commercial et les efforts du gouvernement pour soutenir la roupie ont épuisé les réserves de changes. Il y a une dizaine de jours, celles-ci ne s'élevaient plus qu'à 7,75 milliards de dollars, dont la banque centrale ne détenait que 4,34 milliards, l'équivalent d'environ six semaines d'importations.Le conseiller du Premier ministre pour les affaires économiques, Shaukat Tarin, a reconnu que le gouvernement devait agir rapidement. Dès février, une ligne obligataire de 500 millions de dollars arrivera à échéance. " On ne peut pas cacher qu'on est dans une situation précaire ", a expliqué Atif Bajwa, président de MCB Bank, le plus important prêteur du pays. Mais Islamabad se veut optimiste.APPEL AUX AMISL'allié privilégié des États-Unis contre le terrorisme, qui plus est doté de l'arme nucléaire, pense pouvoir compter sur le groupe des " amis du Pakistan " (États-Unis, Royaume-Uni, Arabie Saoudite...) pour trouver de nouveaux financements même s'il n'exclut pas de devoir un jour faire appel au FMI. Le président Zardari a préparé lundi une rencontre de ce groupe qui se tiendra le mois prochain dans les Émirats arabes unis. Depuis l'attentat du 11 septembre 2001, Washington a apporté 10 milliards de dollars d'aides au Pakistan et a annulé 1 milliard de dette. La crise financière n'arrange pas, loin de là, les difficultés du pays à se refinancer en dollars.L'inflation galopante (25 %) alimente les spéculations sur un relèvement des taux d'intérêt, mais aussi sur le rétablissement du contrôle des capitaux ainsi que sur l'interdiction des importations de biens non essentiels et les restrictions sur l'achat de dollars. La croissance est en berne. Selon le FMI, elle n'atteindrait que 3,5 % après 5,8 % l'année dernière.
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