Gare aux rendements des céréales

chronique des marchésC'est l'hiver aux États-Unis, et si la neige n'est pas parvenue à soutenir la demande de pétrole, elle a du moins affecté le cours des céréales. Les épisodes gélifs intenses dans le Midwest font en effet craindre une piètre récolte de blé d'hiver, dont les semis ont déjà été inférieurs de 5 % à ceux de l'année dernière. Les frimas ont poussé les prix du blé à la hausse, le boisseau coté au Chicago Board of Trade augmentant de 35 % en 10 jours, à 5,80 dollars le boisseau. En Afrique du Sud, les cours du blé ont bondi jusqu'à la limite quotidienne autorisée mercredi dernier ? du jamais vu depuis un semestre. Cette volatilité semble donner raison aux prédictions de Profarmer, une société américaine de conseil sur les céréales. « Le monde va revenir dans un univers où un problème de production majeur affectera les cours. Deux problèmes de production mettront le feu aux poudres » estiment ces spécialistes. De 684 millions de tonnes de blé en 2008, la production mondiale pourrait chuter à 642 millions de tonnes l'année prochaine. Au-delà des aléas climatiques traditionnels, la question des rendements commence à inquiéter sérieusement le milieu agricole pour la récolte de l'été prochain, qui représente la majorité des volumes de céréales. Car la crise financière pourrait menacer la filière. Alors que le prix des machines agricoles et des engrais représentent la moitié du coût de production du blé, la forte hausse des taux d'intérêt met en danger la qualité de la production. Ainsi, parmi les engrais incontournables, certains présentent des prix encore très élevés. La potasse devrait, selon UBS, voir ses prix progresser de 259 % cette année?! La production de potasse est désormais contrôlée par une poignée de producteurs, qui limitent la baisse des cours.Une situation qui pourrait affecter fortement l'Amérique latine, où les fermiers sont déjà lourdement endettés. Ainsi au Brésil, seulement un quart des besoins en fertilisants ont été achetés cet automne, contre les trois quarts l'année dernière à la même époque. Selon l'équipe d'UBS, le taux d'utilisation des fertilisants devrait chuter de 30 % en 2009 sur le continent. L'effet rendement devrait aussi affecter le reste du monde. En France, les engrais sont souvent achetés dans le cadre de contrats annuels ou semestriels. Ainsi sur l'année 2008, de nombreux exploitants se sont retrouvés pris en étau entre le coût de semences et d'engrais acquis au plus haut et des prix de vente très faibles après la récolte. Aline RobertDe 684 millions de tonnes de blé en 2008, la production mondiale pourrait chuter à 642 millions de tonnes l'année prochaine.
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