A400M  : un an de retard supplémentaire

Le programme A400M aurait non pas quatre ans de retard sur la première livraison d'un appareil standardisé, comme l'a affirmé il y a une dizaine de jours EADS, mais cinq ans, estime-t-on au ministère de la Défense. « Nous avons analysé le calendrier d'EADS et il faudra un an de plus par rapport aux quatre ans annoncés. Ils se moquent du monde car nous avons vraiment besoin de cet appareil ». Une évaluation connue d'EADS, précise-t-on en interne dans le groupe européen.Entre EADS et le ministère, le fossé se creuse donc. Selon nos informations, Londres serait du même avis que la Délégation générale pour l'armement (DGA) quant à ce calendrier. EADS reconnaît que quatre ans pour livrer un avion standardisé avec l'ensemble des missions, c'est tendu. Du coup, la DGA n'y croit pas et rajoute une année supplémentaire, précise-t-on au sein du groupe. Pour le ministère, « le problème est de savoir s'ils sont capables de sortir cet avion en s'engageant fermement sur un calendrier. Nous ne voulons pas partir dans un dispositif où la négociation se poursuit à l'infini et le programme continue de déraper ». Et de s'étonner de la légèreté de la gestion du dossier. Airbus aurait recruté un chef de projet à mi-temps prêté par MBDA, Patrick Tramier. « Ils n'ont toujours pas conscience de ce que ce programme représente », s'alarme le ministère, qui se retrouve avec des Transall à bout de souffle. « Le problème est d'avoir un avion, qui transporte des véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI), qui atterrit sur des terrains non préparés et qui est protégé des missiles ennemis. Tout cela, nous ne l'aurons pas pendant cinq ans ».appel à la concurrenceEt ce ne sont pas les solutions d'attente proposées par EADS qui vont le satisfaire. « Il ne s'agit pas simplement de transporter des militaires ou du fret normal, mais des véhicules blindés. L'A330, ce n'est pas une solution », rappelle-t-on à la DGA. Les directeurs de l'armement se rencontreront donc en mars afin de prendre des positions communes sur ce dossier.Enfin, le ministère s'inquiète des discussions actuelles entre les industriels travaillant sur l'avion de combat européen Eurofighter (BAE Systems, EADS et Finmeccanica) et les États acheteurs (Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne et Italie) sur la tranche 3 de l'appareil (nouvelle commande) : « Nous ne tenons pas du tout à ce que ces négociations se concluent à notre détriment sur le dos de l'A400M. » Chez EADS, on indique que l'arrêt de l'A400M serait « un désastre pour le groupe ». En attendant, l'armée de l'air française s'est fait présenter l'avion de transport américain, le C17.Michel Cabirol
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