Faut-il y voir un retour des bonnes vieilles recettes ? Carrefour a dévoilé hier sa gamme Carrefour Discount. Ses 200 produits ressemblent à s'y méprendre aux 50 « produits libres » que l'enseigne d'hypermarchés avait lancés en 1976. Même prix d'entrée de gamme. Même packaging blanc. Même simplicité. « Pas de chichis », résume Gilles Petit, directeur exécutif de Carrefour en France.à l'époque, cette gamme révolutionnaire avait fait un tabac. Sa campagne de publicité imaginée par Jacques Séguéla, fondateur d'Euro RSCG, remporte des prix. Mais elle est décriée, notamment par Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, avocat des marques Gervais, Heudebert et autres Café Grand-Mère que les produits libres ont définitivement ébranlées. Trente-trois ans plus tard, rebelote.Mais, cette fois, sacrée ironie de l'histoire, Carrefour a confié à Publicis, et non à Euro RSCG, son agence débarquée en janvier, le soin de promouvoir cette arme de reconquête. Avec Carrefour Discount, le roi de l'hyper espère rattraper par le col tous ses clients partis chez Lidl et Aldi. « Et en conquérir de nouveaux », précise Gilles Petit. Cette gamme doit aussi réformer l'image de l'enseigne que, depuis des années, les Français jugent trop chère. Seuls 23,4 % d'entre eux estiment que Carrefour propose des prix attractifs, soit presque moitié moins que pour Leclerc, selon TNS World-panel. « Carrefour n'a pas l'image prix qu'elle mérite », regrette Gilles Petit. « C'est sa grande difficulté. Mathématiquement, cette image n'est pas juste. Car elle n'est souvent pas plus chère que Leclerc », confirme Sophie Primas, directrice de clientèle chez TNS Worldpanel. Les produits Carrefour Discount, à partir desquels un repas peut être préparé pour 1,05 euro par personne, doivent lui procurer un effet de halo. C'est un impératif. À tel point que, fin mai, son lancement dans 1.200 magasins sera soutenu par une énorme campagne de pub télévisée. Et 200 autres produits seront lancés d'ici à fin 2009.Il y a urgence. Lars Olofsson, directeur général, le martèle. La France, qui procure 47,3 % de son résultat opérationnel, est sa priorité. Carrefour est l'éternel numéro deux des enseignes alimentaires en France. Sa part de marché s'effrite depuis les années 2000. Elle s'est établie à 13,2 % fin mars, loin derrière les 16,7 % de Leclerc. En 2008, le chiffre d'affaires des hypermarchés Carrefour a baissé de 1,2 %. Et il s'est effondré de 4,2 % au premier trimestre 2009.démarrage tardifCouplé au basculement de ses 1.000 Champion sous l'enseigne Carrefour, le lancement de Carrefour Discount réussira-t-il alors à la relancer ? Et surtout à « réinventer l'hypermarch頻 ? De fait, ce n'est pas la première à porter le fer contre le hard discount. Auchan mène une très grosse campagne de publicité télévisée, en comparant ses prix de carottes râpées à ceux du hard discount. Et Leclerc en est à sa quatrième campagne de publicité télévisée comparant ses produits Marque Repère à ceux des marques nationales et des hard-discounters. Cette fois, ce sont les yaourts nature, produit basique s'il en est. Et il y a fort à parier que le grand rival de Carrefour n'en restera pas là. Enfin, les hard-discounters sont sur leur lancée. « Carrefour se réveille. Il était temps. Croyez-vous vraiment que je vais en avoir peur ? » persifle le dirigeant d'une enseigne allemande de hard discount.

latribune.fr

07 Mai 2009, 1:41

Partager :