Cajasur, une nouvelle caisse d'épargne espagnole en crise

Depuis la mise sous tutelle, le 29 mars, de Caja Castilla La Mancha (CCM), les observateurs à Madrid scrutent à la loupe les caisses d'épargne (les « cajas ») qui semblent les plus vulnérables face à la crise. Aussi, la décision de Fitch Ratings, mardi, de réduire de BBB+ à BB+ (c'est-à-dire virtuellement à un statut de « junk bond ») la qualification des émissions de Cajasur a-t-elle mis sur la sellette cette « caja » de Cordoue, la deuxième d'Andalousie avec 18,2 milliards d'euros d'actifs, 500 agences et 3.500 employés.L'incertitude qui pèse sur Cajasur est d'autant plus réelle que c'est elle qui présente à l'heure actuelle le taux de crédits douteux et d'impayés le plus élevé parmi les entités financières espagnoles (à l'exception de quelques petites caisses de caractère local) : il atteignait au 31 décembre dernier 6,43 %, alors qu'un an plus tôt, il n'était encore que de 2,35 %. Et, dans le même laps de temps, son taux de couverture a fondu, passant de 122,9 % à 46,7 %. l'église très présenteComme de coutume au sud des Pyrénées, l'essentiel de ces crédits en souffrance est à caractère hypothécaire. Cajasur, qui contrôle un holding de participations relativement diversifié, allant de la gestion de documents aux contenus informatiques en passant par les assurances, a certes tenté ces derniers mois de réduire son exposition à l'immobilier, mais il s'agit d'un processus de long terme, alors que la crise immobilière, elle, n'attend pas.Née en 1864, Cajasur constitue par ailleurs une institution sui generis : elle dépend en effet de l'Église catholique, concrètement de l'évêché de Cordoue, qui constitue, avec la Députation provinciale, l'une de ses deux entités fondatrices. L'évêque de la ville nomme toujours six des vingt membres de son conseil d'administration, incluant le président, qui est invariablement un ecclésiastique. Ce qui a d'ailleurs donné lieu dans le passé à plus d'un conflit avec les autorités régionales, désireuses de replacer Cajasur dans le giron d'un pouvoir plus temporel ! Thierry Maliniak, à Madrid
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