Les États-Unis croulent sous le pétrole

S'il se montre plus sensible aujourd'hui à la baisse des prix de l'essence à la pompe, le conducteur américain est loin d'être à nouveau gagné par la frénésie de la route? Selon les dernières statistiques, publiées hier par le département américain de l'Énergie, le déclin de la consommation de pétrole aux États-Unis n'aurait en effet pas encore touché le fond.Côté demande, la consommation par les Américains de produits pétroliers aurait encore baissé de 6,5 % par rapport à l'an dernier au cours des quatre dernières semaines. Côté stocks, les chiffres confirment également la tendance. En hausse de 3,9 millions de barils à 370,6 millions, les stocks de pétrole brut se sont une nouvelle fois étoffés la semaine dernière et cette fois bien au-delà des attentes des analystes, qui tablaient sur une hausse de 2,6 millions. Il faut donc remonter à septembre 1990, époque où les stocks avaient atteint 373 millions de barils, pour retrouver un tel niveau. La plus grande surprise est néanmoins venue des stocks d'essence et de produits distillés, que les experts envisageaient en baisse de 300.000 et de 600.000 barils, et qui, finalement enregistrent des hausses respectives de 800.000 barils et de 2,7 millions de barils.Face à de telles nouvelles, les cours du pétrole brut américain, déjà fortement chahutés par leur chute de plus de 9 % lundi et peu vaillants hier après-midi après les nouvelles prévisions économiques du FMI, ont continué de s'effriter. À la mi-séance, les cours étaient en baisse de 40 cents à 48,17 dollars le baril.Cette fois, la relative stabilité du marché des actions a permis d'éviter l'effondrement des prix, mais les pronostics restent moroses. Selon Barclays Capital, « les prix devraient rester sous pression, tant que les statistiques ne montrent pas une érosion systématique des réserves, notamment aux États-Unis ». De son côté, l'analyste de JP Morgan n'hésite pas à évoquer un possible retour sous les 40 dollars, en cas de violente correction. « La plus grande incertitude actuelle pour le marché du pétrole reste l'économie », souligne Lawrence Eagles. « Même en se basant sur une reprise au deuxième trimestre 2009, certains chiffres portant sur la demande suggèrent que sans nouvelle baisse de production de l'Opep, on pourrait ne pas observer de baisse significative des stocks avant le quatrième trimestre 2009 ». À ce titre, plusieurs membres du cartel se sont d'ailleurs dits préoccupés par l'abondance des stocks. Les pays les plus durs, autrement dit les plus enclins à faire monter les prix, ont d'ores et déjà dégainé, et réclamé de futures baisses de production. C'est le cas du Venezuela mais aussi de l'Iran. Dès hier, avant la publication des statistiques américaines, Mohammad Ali Khatibi, représentant de ce pays auprès du cartel, avait indiqué qu'il soutiendrait une baisse des quotas en cas d'excès de l'offre. Le verdict est attendu le 28 mai, lors de la prochaine réunion de l'Opep, à Vienne.
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