Promenade portugaise à Paris

Le 25 avril 1974, peu après minuit, à la radio, « Grândola, vila morena » donnait le signal de la révolution des ?illets. Cette chanson interdite par le régime salazariste, Zéca Afonso l'avait enregistrée en 1971 dans les studios d'Hérouville, près de Pontoise en banlieue parisienne. Il y a trente-cinq ans, la France ? Paris et sa banlieue surtout ? abritait à la fois des exilés politiques et des immigrés économiques. Les premiers rentrent au pays dès 1974. Ils construiront le Portugal prospère qui n'aura plus à laisser partir ses enfants.Dans « les Portugais à Paris », Agnès Pellerin retrouve les lieux où les uns et les autres ont vécu : boulevard Garibaldi pour Mário Soares, avenue de la Résistance à Montreuil pour Alvaro Cunhal, les bidonvilles de Champigny ou du Franc-Moisin à Saint-Denis pour ces paysans déracinés qui s'improviseront maçons en France.Au gré d'une promenade dans les rues de Paris, l'auteur rencontre aussi d'autres fantômes ? rois, poètes, espions ? qui, au fil des siècles, de gré ou de force, ont hanté la capitale française. Ce sont autant de personnages qui ont tissé les liens entre la France et le Portugal. On retiendra plus facilement les excentriques comme le prédicateur Diogo Soares guidé par le démon du jeu plutôt que par le bon Dieu ou encore l'infant Dom Miguel qui, en 1824, fit tourner en bourrique la pauvre Mme Meurice. une folie douceAprès tout, Charles Quint n'avait peut-être pas tort. « Les Français, disait-il, ont l'air fou et sont sages ; les Espagnols ont l'air sage et sont fous ; les Portugais ont l'air fou et le sont. » Douce folie qui vaut qu'on fasse cette promenade portugaise à Paris. Anne Debray « Les Portugais à Paris au fil des siècles et des arrondissements », d'Agnès Pellerin, illustrations d'Irène Bonacina. Chandeigne, 23 euros.
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